" Tels sont les tableaux qui se déroulent sur la longue étendue des eaux, à la vue des villas qui penchent suspendues à la crête des roches." (Ausone, Mosella)
Présentation
Même si l'Antiquité romaine fut une période rude et souvent implacable pour beaucoup d'êtres humains, nous ne pouvons nier que dans de nombreux domaines la civilisation romaine fut innovante et même fascinante. Si Rome a conquis nos terres à la force du glaive pour imposer ensuite son pouvoir sous la férule des légions et de son administration centralisée, elle nous a aussi légué sa culture et, pour ce qui nous intéresse dans ce blog, son savoir-faire en matière d'urbanisme, d'architecture et de construction. C'est précisément ce domaine des habitations romaines typiques des campagnes, les villae, que je vous invite à découvrir ensemble.
Connu
depuis 1932, le site antique de Piantarella a été révélé
notamment par M. Paul Rossi, directeur du Collège de Bonifacio, puis
il fut partiellement fouillé par l'archéologue Paul Agostini.
La
villa, située au sud-est de la Corse, fut construite à l'époque
augustéenne et a subsisté jusqu'au 4e siècle de notre ère. Elle
est implantée sur un promontoire rocheux au bord du littoral, entre
les étangs de Piantarella (ancienne saline) et la plage de Sperone,
l'ancien port romain, aujourd'hui ensablé.
Les
premières campagnes de fouilles avaient déjà mis en évidence un
habitat important s'étendant sur quelque 3 500 m2,
et constitué
d'une cinquantaine de pièces, dont
un vaste
complexe thermal.
Selon
Gaël Brkojewitsch, l'archéologue responsable des fouilles, la villa
n'avait rien a envier aux prestigieuses demeures maritimes qui
longeaient le littoral entre Rome et Naples.
La
plupart des murs en pierre furent bâtis en « opus incertum »
(voir photos), et la présence d'entrepôts et de docks révélerait
une activité économique intense entre la villa et le monde
extérieur. En témoignent, plusieurs fragments d'amphores gauloises,
hispaniques, italiques et même mauritaniennes retrouvés aux côtés
de céramiques de tradition locale (type « Korsi »).
L'emplacement
d'une ancienne cale de halage pour bateaux repérée à côté de
l'ancien port confirmerait cette activité commerciale du domaine.
Les
différentes compagnes de fouilles
La
première campagne
de fouilles a débuté au printemps 2015. Les données antérieures
ont été mises à jour. Puis, un travail de défrichement et de
nettoyage des vestiges a permis l'établissement d'un plan précis
des constructions visibles. Enfin, les vestiges et aménagements
supposés antiques et découverts par le passé ont été vérifiés
pour confirmation (ou non) de leur authenticité (viviers, cales à
bateaux, réservoirs et carrières).
La
deuxième campagne
a eu lieu en automne 2016. La zone sud du corps de logis a été
nettoyée et une prospection a été menée sur l'île Piana. Un
inventaire des collections, provenant de fouilles anciennes, en
partie dispersées chez des riverains, a été réalisé. Puis
différentes prospections ont été lancées à l'initiative de S.
Clerbois. Elles portaient sur les carrières de granit de l'archipel
de Lavezzi et de La Maddalena.
La
troisième campagne
s'est déroulée du 16/10 au 02/11/2017. Le travail financé par la
DRAC s'est étendu au projet : «
Les Bouches de Bonifacio à l’époque romaine : approches
archéologiques et géo-archéologiques ».
La
fouille a été consacrée à l'ouverture de sept sondages de
vérification et d'une fouille approfondie des bains et du corps de
logis. Les résultats probants ont permis d'affiner les connaissances
et de mieux comprendre l'histoire du site et son évolution à
travers le temps. A noter la découverte d'une sépulture dans une
des pièces, dont la datation n'est pas encore précisée. Du
mobilier en céramique, en verre et en métal a été étudié puis
dessiné. Différentes données recueillies ont été mises à
l'étude et du matériel de stockage a été acheté pour le
conditionnement des prélèvements. Enfin, la partie sud de la villa
a été vectorisée afin d'établir un relevé détaillé.
A
l'heure où j'écris ces lignes, une
quatrième campagne
de fouilles est menée sur le site même de la villa et dans ses
alentours.
Tout
en poursuivant la fouille sur le terrain, l'équipe
pluridisciplinaire a étendu ses recherches au détroit de Bonifacio,
qui sépare le site de l'île de Cavallo.
Une
carrière de granit, où l'on façonnait notamment des colonnes,
était en effet exploitée sur l'île à l'époque romaine. Les
chercheurs voudraient savoir si un lien peut être établi entre la
villa et cette carrière.
D'autre
part, la prospection sous-marine a confirmé l'existence d'une digue
immergée, non loin de la plage de Sperone, qui aurait pu servir de vivier aux habitants de la villa.
Ce
domaine correspond sans conteste à une villa romaine maritime
importante du sud de l'île de Beauté. Le site a été classé
monument historique en 2007 et il bénéficie en partie d'un
financement de la DRAC et de la Mairie de Bonifacio. C'est
l'Association Archéologie & Patrimoine en Corse qui gère le
projet de mise en valeur avec l'aide de bénévoles et d'une équipe
pluridisciplinaire d'archéologues et de scientifiques. Un appel est
donc lancé au mécénat et à tous ceux et celles (privés et
entreprises) qui désirent soutenir et aider ce projet de
valorisation du patrimoine corse.
Depuis
octobre 2006, plusieurs campagnes de fouilles archéologiques se
succèdent sur le site de la villa romaine de Salar, dans la province
de Grenade, mettant en évidence les restes d'une villa de type
méridional.
Les
premiers vestiges avaient été découverts fortuitement en 2004,
lors de travaux d'excavations nécessaires à la construction d'une
station de traitement des eaux usées.
Située
aujourd'hui au lieu-dit « Revuelta
de Enciso »,
et juste en contre-bas de la route A-4155 qui mène à Salar, la
villa se trouvait jadis non loin d'une voie romaine qui traversait la
province de Bétique. Cette région du sud de l'Espagne était
réputée à l'époque romaine pour ses abondantes productions de
blé, d'huile d'olive et de vin.
Le
domaine de la villa avait idéalement été implanté au bord de la
rivière Salar, qui est devenue aujourd'hui un ruisseau.
Description
Seule
un partie des vestiges a été dégagée à ce jour laissant supposer
qu'il s'agit vraisemblablement d'une villa luxueuse plus étendue.
Parmi les quelques pièces d'habitation mises au jour figure
notamment un atrium entouré d'un péristyle avec un en son centre un
impluvium. L'impluvium était alimenté par les eaux de pluie de la
toiture du péristyle recueillies dans un canal périphérique situé
sur le sol de l'atrium.
Du
péristyle, on pouvait accéder à un déambulatoire par deux marches
en marbre. Le sol du péristyle était pavé de mosaïques
polychromes représentant des motifs floraux, différents animaux et
des scènes de chasse.
Le
déambulatoire reliait le péristyle à un triclinium. Le sol du
déambulatoire possède également une magnifique mosaïque où
figure une scène mythologique appelée « Thiasos marin »,
dont les héros n'étaient autre que Poséidon et Amphitrite. Les
murs étaient couverts de fresques peintes remarquables. Le
décor est fait d'une alternance de motifs végétaux à base de
volutes et de feuilles d’acanthe en cercles à motifs géométriques
avec des inserts tachetés en triangles inversés et une conjonction
d’ovales blancs sur fond rouge semblant imiter les marbres.
Au
nord-ouest et au sud-est de l'atrium se trouvent deux pièces
accessibles par les deux côtés du péristyle. Leur fonction n'a pas
encore pu être précisée.
Le
triclinium ouvert sur l'extérieur est surélevé d'une marche par
rapport au déambulatoire. Il était probablement recouvert à
l'époque d'un treillis en bois ou autre. Dans le prolongement du
triclinium se trouvait un nymphée relié à un bassin en U entourant
presque entièrement le triclinium (voir la 1er vidéo).
Le
sol du triclinium était également couvert d'une mosaïque
polychrome de style géométrique,
tandis que les plinthes étaient recouvertes de plaques de marbre en
opus sectile. Cette
mosaïque a dû être restaurée, suite aux dégâts causés par les
engins de terrassements qui avaient commencé leur excavation à cet
endroit.
Le
nymphée construit en abside devait être pourvu d'une fontaine d'où
l'eau se déversait dans le bassin en U. Deux statues de Vénus en
marbre blanc ont été découvertes à cet endroit, lors des
premières campagnes de fouilles. L'une représentant Vénus pudique,
dont la tête et l'avant-bras droit manquent, et l'autre n'a conservé
que le bas du corps. Cette seconde Vénus porte un grand coquillage
au niveau de la taille dont le centre est percé d'un trou. C'est
probablement cette statue qui servait de fontaine dans le nymphée.
Dernières
nouvelles
Une
toiture a été posée sur le site de fouilles, afin de protéger les
vestiges des intempéries et des excès du soleil. Une passerelle a
également été aménagée à l'intérieur pour permettre la
circulation au-dessus des ruines sans gêner le travail des
archéologues ni abîmer les vestiges.
D'après
les dernières informations publiées récemment, la troisième
campagne de fouilles a livré une troisième statue de Vénus
capitoline (voir la 2ème vidéo). Cette fois la tête de la statue
est intacte, alors que les pieds sont manquants.
Le
classement du site en « Bien
d'intérêt culturel » est envisagé par
les Autorités andalouses avant la fin 2018.
Espérons
que ce site nous réserve encore d'heureuses surprises à l'avenir
...
Découverte
fortuitement à l'occasion d'un projet de construction, la villa
gallo-romaine des Bruns a fait l'objet d'une fouille de sauvetage dès
1995, suivie de plusieurs campagnes de fouilles menées de 1996 à
2000.
La
villa se trouve au pied du mont Ventoux, le long de la route moderne
conduisant au sommet du "Géant de Provence", à la sortie
du hameau des Bruns (Bédoin, dans le Vaucluse).
Le
site s'étend sur une superficie d'environ 1000 m2,
et comprend une pars urbana (la résidence) et une pars rustica
(bâtiments agricoles). Le bâtiment compte quelque vingt-sept pièces accessibles par une galerie, qui devait être couverte, orientée plein sud. Parmi les
locaux identifiés avec précision, figurent deux cubicula (chambres), un tablinum (bureau du
propriétaire), un triclinium (salle à manger), des thermes et des
locaux à vocation agricole. Malgré l'absence de luxe apparent (comme des mosaïques), les
vestiges assez bien conservés comportent des murs d'une hauteur de
près de deux mètres.
Les
fouilles ont permis de mettre en évidence l'existence d'une petite
construction remontant au 1er siècle de notre ère, dont il ne
subsiste que quelques bâtiments arasés, deux meules et un ensemble
de dolia (jarres en terre cuite semi-enterrées pour le stockage des
provisions).
Ensuite,
la villa proprement dite fut édifiée au cours du second siècle sur
un plan barlong, préfigurant ainsi le mas provençal.
Son
emplacement sur une terrasse à flan de montagne explique sa
construction toute en longueur (80 m x 11 m), à la différence du
plan habituel des villas du sud-est de la France bâties autour d'un
atrium (pièce centrale) autour duquel s'articulent les autres
locaux.
La
partie agricole se situe au sud-est, alors que la partie
résidentielle s'étend au nord-ouest, les thermes se situant à la
jonction. Les éléments découverts révèlent une différence
architecturale entre ces deux zones. Dans la partie habitable et les
thermes, les couvertures étaient supportées par des colonnes
enduites constituées de morceaux de terres cuites, tandis que dans
les bâtiments à vocation agricole, des poteaux en bois étaient
probablement utilisés. Les élévations des murs sont en opus
caementicum : mortier de chaux et petits moellons réguliers aux
arêtes vives taillés dans le calcaire local. Les sols sont
différents selon les zones : terrazzo (béton avec inclusion de
calcaire) dans les pièces à vivre ; béton hydraulique dans les
thermes et terre battue pour les parties agricoles. Des fragments
d'enduits peints ont été découverts à plusieurs endroits. Du bleu
dans la baignoire du frigidarium (pièce froide des thermes), du
jaune sur les parois de cette même pièce et du rouge dans le grand
bassin extérieur.
Il
semblerait que la villa ait été abandonnée au cours du 3e siècle ;
mais des indices d'une réoccupation tardive aux Ve et VIe siècle
avec modification de l'habitat et traces d'une activité
métallurgique ont été mis en évidence.
(Résumé
fait à partir de plusieurs sources dont celles du Service Culture et
Patrimoine et de la Communauté d'agglomération Ventoux Comtat
Venaissin (CoVe).
Vue
d'ensemble depuis le sud-est
Vue
latérale depuis l'est (photo : CoVe)
Fragment
de céramique sigillée trouvé dans les remblais
Estampille
du potier Mommo, atelier de la Graufesenque, fin du 1er siècle de
notre ère
La
villa de Goeblange-Miecher compte parmi les établissements agricoles
les plus grands du territoire trévire. Le complexe construit à
partir du début du 1er siècle ap. J.-C. comprend au moins sept
bâtiments en pierre répartis sur une superficie de 5 hectares, dont
certains sont entourés d’une levée de terre. A côté d’une
luxueuse maison de maître et d’une autre demeure plus ancienne, le
site recèle un bâtiment d’habitation supplémentaire, un petit
temple ainsi que trois édifices secondaires.
L'intérêt
spécifique du site est que le propriétaire du lieu semble avoir
rompu très tôt avec la tradition celtique, après l’écrasement
de la révolte trévire, en faisant ériger un mausolée inspiré du
modèle romain, vers 30 ap. J.-C.
Au
cours des incursions germaniques de la fin du 3ème siècle, la
maison du maître a été transformée en burgus, une fortification
civile composée de trois levées de terre, d’une palissade de
bois, ainsi que d’une tour massive, destinées à la protection
contre les raids barbares. Au début du 4ème siècle, la villa
connaît une nouvelle embellie qui permet le démantèlement du
burgus défensif. L’établissement agricole est abandonné vers la
fin du 4ème siècle, dans les turbulences des grandes invasions
barbares. Ses vestiges sont laissés à l’abandon jusqu’à leur
redécouverte par l’abbé Georges Kayser en 1964.
Accès
A
partir du parking de la CR 189 entre Goeblange et Simmerschmelz, des
panneaux explicatifs guident le visiteur à travers les époques de
l’âge de la pierre, du bronze et l'époque celte, jusqu’aux
constructions en pierre romaines. Six bâtiments, dont les fondations
et/ou les murs ont été restaurées, le mausolée, ainsi que la
fortification de l’Antiquité tardive reconstituée peuvent être
visités gratuitement durant toute l’année. De nombreux panneaux
fournissent des explications de chaque bâtiment ainsi que des
aspects particuliers de la culture gallo-romaine. Ceux qui veulent
visiter les cinq tumulus des propriétaires de la ferme de l’époque
celtique peuvent suivre le chemin forestier pendant 500 m. Un petit
chemin marqué d’une amphore mène ensuite vers les 13 tombes de la
nécropole de Goeblange-Nospelt.
Des
visites de groupes pour les deux site peuvent être réservées
auprès de « Georges Kayser Altertumsfuerscher » à
l’adresse : gka@gka.lu
Ce
bâtiment dont la construction remonte au 1er siècle servit de
première résidence aux propriétaires du domaine et subit de
nombreuses transformations au fil de son utilisation. A cause de
celles-ci et du piètre état de conservation des restes muraux, le
plan original du bâtiment n'est plus clairement reconnaissable. Aux
2e et 3e siècles les pièces du nord-ouest furent aménagées en
bains tandis que le reste du bâtiment était probablement mis à la
disposition des serviteurs. Le propriétaire quant à lui se fit
construire une demeure plus spacieuse (bâtiment 1).
Au
centre de la pièce principale (1) se trouvait un foyer. Un deuxième
situé plus à l'ouest a dû appartenir à un bâtiment plus ancien.
La pièce 2 servait de chambre de chauffe pour le bassin d'eau chaude
(caldarium) situé dans la pièce 3.
Dans
la pièce 4 furent trouvées les fondations soit d'un bassin d'eau
froide (frigidarium) soit d'une latrine dont le contenu pouvait être
évacué moyennant le canal de vidange du caldarium. La structure
semi-circulaire de la pièce 6 peut être interprétée comme une
sorte de sauna (sudatorium). Un foyer dans l'angle sud chauffait la
pièce 8.
Tandis
que les caves (pièces 9, 12 et 16) servaient à entreposer des
provisions, la fonction des locaux 5, 7, 10, 11, 13 et 14 n'est pas
connue.
Vue
de la première villa (à 50 m de la seconde)
La
seconde villa (bâtiment 1)
La
nouvelle résidence du propriétaire du domaine fut construite au
début du 3e siècle, avec à l'origine une superficie de 700m2.
Ce bâtiment avait l'aspect d'une villa gallo-romaine à portique
typique, avec deux pièces d'angle proéminentes (risalites/pièces 4
et 5), une terrasse avec colonnade (portique/pièce 1) ainsi qu'une
pièce principale avec foyer (pièce 2). Le bâtiment était axé sur
un mausolée circulaire préexistant. Une cave très spacieuse (pièce
3) était accessible par un escalier partant de la pièce principale.
La paroi sud-est de la cave était percée par trois fenêtres.
Depuis la pièce principale une chambre de combustion permettait de
chauffer la pièce 7 (caldarium) par circulation d'air chaud sous le
plancher et dans les parois. La fonction des pièces 8, 9 et 10 (en
mauvais état de conservation) ne peut être clairement définie.
L'annexe 14 peut, sur la base d'offrandes trouvées, être qualifiée
de petit sanctuaire domestique.
Pendant
la période d'occupation la résidence a subi toute une série de
transformations ou d'extensions (pièces 6, 12 et 13). De même, vers
la fin du 3e siècle et sous la menace des incursions de Germains,
une fortification civile (burgus) fut aménagée. Ainsi une partie de
la demeure (anciennes pièces 8, 9 et 10) fut transformée en une
sorte de chambre forte tandis que les abords immédiats du bâtiment
furent protégés par une palissade en bois (15), des levées de
terre et par au moins trois fossés de défense (16).
Quand
au début du 4e siècle sous Constantin le Grand commença une
période de sécurité relative, le « burgus » fut
démantelé, la palissade démontée et les fossés comblés. Les
couches supérieures du remblai étaient constituées de gravats tels
qu'enduits muraux, tuiles et fragments de calcaire. Probablement les
habitants avaient rénové l'immeuble et s'étaient débarrassé des
gravats dans les fossés de défense.
Au
cours de ces transformations la cave également reçut une nouvelle
destination. Les ouvertures de la porte et des fenêtres furent
murées. La surface d'origine fut divisée en trois pièces de
dimensions différentes (3, 3a et 3b) et se vit attribuer les
fonctions de bassin de décantation et de réservoir d'eau. Le tout
fut alimenté par une conduite d'eau souterraine en bois (17) venant
de l'est mais dont le point de départ n'a pas encore été constaté.
Le
bâtiment 1 fut vraisemblablement abandonné vers la fin du 4e
siècle.
Représentation
de la seconde villa
Vue
de la façade d'entrée de la seconde villa
Hypocauste
avec le praefurnium dans l'angle de la pièce
Voici
une villa romaine, située non loin de Trèves, dont la pauvreté des
vestiges contraste avec l'importance historique du site. Il ne
subsiste en effet pratiquement plus aucun vestige de ce qui fut
vraisemblablement une villa impériale au Bas-Empire. D'après le
récit du poète Ausone, il semblerait bien que cette villa palatiale
fut une des résidences de plusieurs empereurs de la deuxième moitié
du IVe siècle.
Palais
impérial romain, Konz
Le
palais impérial romain était situé sur un versant au-dessus du
pont et offrait une vue imprenable sur l’estuaire de la Sarre et
les alentours. L’architecture des lieux se voulait représentative
d’un certain style de vie. Des couloirs à colonnes et des
peintures murales d’une grande qualité laissent deviner une
influence méditerranéenne. Au-delà d’une entrée principale de
3,16 m, l’accès était assuré par trois autres larges portes
armées. Le cœur du bâtiment était constitué par une salle
centrale fastueuse servant aux réceptions et aux fêtes. Deux
grandes fenêtres de 2,70 m y laissaient entrer la lumière. Les
pièces de vie étaient regroupées autour de la salle.
L’aile
ouest du palais abritait une piscine majestueuse. Au 4e siècle
après J.C., le poète romain Ausonius évoqua les « murs
impériaux » sur l’estuaire de la Sarre. On peut donc en
conclure que le maître des lieux était certainement la cour
impériale de Trèves. À Contionacum (Konz), l’empereur
Valentinien 1er signa même plusieurs arrêts concernant les
esclaves, les impôts et le droit de succession de la famille
impériale.
On
a pu démontrer que l’empereur Valentinien I (364-375) a habité
ces lieux. Mais aussi Valentinien II (375-392) ; Gratien
(367-383), qui fut élevé par Ausonius, et Magnus Maximus (383-388)
ont dû eux aussi séjourner à Konz, car à l’époque où ils
gouvernaient, la villa était habitée. Plus tard, des incursions
germaniques affaiblirent la région.
Le
palais fut abandonné au moment du transfert de l’administration
romaine à Arles vers 400 après J.C. Il n’en reste plus
aujourd’hui que la partie ouest des bains froids (frigidarium), des
restes du mur de soutènement de la salle centrale et d’un
promenoir. Sous l’église, on trouve encore le foyer de
l’installation qui servait à chauffer la salle de réception.
En
2007, la ville de Konz a entrepris de nombreuses mesures de
valorisation du palais impérial. Ainsi, les pièces historiques ont
été signalées par des bandes de pierre calcaire qui laissent
parfaitement deviner les dimensions du site. En hauteur, la villa
impériale a été représentée par une sculpture métallique
éclairée de nuit et arborant deux fenêtres en arc. Cinq panneaux
d’information relatent l’importance et les particularités
historiques du site.
Adresse :
Konz, Pfarrkirche St. Nikolaus, Martinstr. 22
Restitution
hypothétique avec le confluent de la Sarre et de la Moselle à
l'arrière
La
villa San Marco fut bâtie à l'époque d'Auguste à proximité
immédiate de l'antique cité de Stabiae (Stabies) en Campanie
(Italie). Construite sur deux niveaux dans un style architectural
somptueux et grandiose, l'ensemble de la résidence occupe une
superficie de plus de 11 000 m2.
La villa compte un grand nombre de pièces, dont certaines étaient
décorées de magnifiques fresques, de sculptures et de mosaïques
qui n'ont rien à envier à celles découvertes à Pompéi et
Herculanum. Parmi les différentes pièces et installations, citons :
un complexe thermal sophistiqué et complet, une grande cuisine où
l'on peut encore voir le banc de cuisson, une cour intérieure avec
piscine, un triclinium, dont la vue donne sur la baie, des portiques,
des jardins intérieurs et un nymphée en demi-cercle. Le nom de San
Marco provient d'une chapelle qui se trouvait non loin du site au 18e
siècle.
Les
premières fouilles de la villa furent réalisées entre 1749 et
1754, essentiellement pour récupérer le mobilier archéologique et
les fresques les mieux conservées. Puis la villa fut ré-enterrée
(ce qui est le meilleur moyen pour conserver des vestiges). Une
nouvelle campagne de fouilles eut lieu en 1950 par Libero d'Orsi et
O. Elia du service de la Surintendance archéologique.
Juin 2018
Ph.
Laval (résumé d'après plusieurs sources)
Source:« La
villa San Marco a Stabia » Centre Jean Berard. Ecole Française
de Rome. 1999. 3 Vol. IN°4
La
villa romaine de Borg fut découverte à la fin du XIXe siècle,
grâce à la curiosité de Johann Schneider, un instituteur
d'Oberleuken, passionné d'histoire et d'archéologie. Comme membre
d'une société régionale d'Histoire et d'Archéologie, il en avisa
le Musée provincial de Trèves, où il envoya les relevés de ses
premiers sondages, ainsi que plusieurs objets antiques découverts
sur le site.
Les
deux guerres mondiales firent tomber dans l'oubli les recherches de
Monsieur Schneider. Mais, préoccupée par les fouilles clandestines
qui menaçaient de détruire le site, la Fondation culturelle de
Merzig-Wadem décida d'organiser des fouilles archéologiques
officielles sur le site.
La
première campagne de fouilles débuta le 1er avril 1987, en
collaboration avec la commune de Perl, propriétaire du terrain
boisé.
L'importance
des vestiges suscita l'intérêt des scientifiques allemands et
étrangers ; et la décision fut prise, non seulement de mettre
au jour les ruines, mais aussi de rebâtir la villa sur ses
fondations antiques, telle qu'elle devait apparaître aux IIe-IIIe
siècle ap. J.-C.
Les
thermes et la taverne furent d'abord réalisés en 1997, puis la
maison du maître et la cour intérieure avec le bassin furent
ouverts au public en mai 1999. Une troisième partie fut achevée en
été 2001 et le bâtiment du porche fut terminé en 2004. Enfin la
cuisine fut opérationnelle dès 2008. Le coût des travaux ayant été
financé pour 70% par le gouvernement du Land de Sarre.
Vue de la villa reconstruite
Description
La
villa de Borg a été judicieusement implantée sur les sols fertiles
du Muschelkalk, un plateau situé entre les vallées de la Sarre et
de la Moselle, non loin de l'importante voie romaine Metz-Trèves.
L'ensemble
des bâtiments de la pars urbana et de la pars rustica s'étend sur
une longueur de quelque 500 m et une largeur de 150 m, occupant ainsi
une superficie de 7,5 hectares, faisant de cette villa une des plus
grandes du nord de la Gaule.
Les
fouilles ont également révélé la présence de bâtiments plus
anciens en matériaux périssables et des objets appartenant à
l'époque gauloise ; ce qui indiquerait une continuité
d'occupation de la période de la Tène finale au Haut-Empire romain.
La
pars urbana, reconstruire, est délimitée de la pars rustica, non
encore fouillée, par un bâtiment-porche imposant.
L'accès
à la pars urbana se faisait par la porte cochère du
bâtiment-porche. Cette construction s'est faite en quatre phases
successives. Et la dernière fonction du bâtiment fut tout à fait
différente vers la fin de l'occupation de la villa.
La
résidence du maître, au centre de la pars urbana, est flanquée de
deux ailes d'habitations de chaque côté, qu'une galerie à
colonnade relie entre elles. Le complexe résidentiel, orienté à
l'Ouest, entoure une cour avec des jardins prolongés d'un bassin
aquatique, donnant à la résidence un caractère palatial évident.
Le chemin d'accès menant à l'entrée de la résidence divise les
jardins et le bassin aquatique en deux parties symétriques.
Un
imposant complexe thermal se trouvait dans l'aile droite de la
résidence (en regardant la façade). Il comprenait un vestiaire, un
frigidarium, un caldarium, un tepidarium, des latrines, et bien sûr
des pièces chauffées par hypocauste. Les fouilles y ont révélé
six phases de transformations majeures.
L'aile
gauche de la partie résidentielle, constituée de nombreux petits
locaux, semblerait avoir eu une utilité économique et artisanale.
Certaines de ces pièces étaient également chauffées par
hypocauste.
Une
première cuisine datée du début de l'occupation de la villa a été
repérée dans l'aile gauche de la résidence. La seconde cuisine de
l'aile droite date d'une période plus récente.
Enfin,
les bâtiments de la pars rustica n'ont pas encore été fouillés,
et aucun projet de reconstruction n'est envisagé à ce jour, à
moins d'une découverte inattendue.
Résumé
rédigé sur base du texte de Bettina Birkenhagen, décembre 2008
Il
ne fait aucun doute que les bains romains (thermae) et le système de
chauffage par le sol dit « sur hypocauste » furent des
innovations majeures en Gaule, comme dans le reste de l'Empire
romain. Il faudra, en effet, attendre près de 2000 ans, pour
retrouver un système de chauffage aussi sophistiqué dans nos
habitations modernes.
Les
thermes avaient, pour les Romains, un rôle bien plus important que
le simple entretien du corps ou l'hygiène. Se rendre aux thermes,
c'était affirmer son statut de citoyen et son attachement à la
culture romaine. On n'allait pas aux thermes uniquement pour se
laver ! On y rencontrait des gens, on s'y délassait, on
discutait et on y « refaisait le monde ».
Si
les thermes publiques des villes étaient accessibles à tous les
citoyens, les bains privés, qui nous intéressent ici, étaient
évidemment réservés aux membres de la famille du propriétaire de
la villa et à ses invités.
Par
ailleurs, les thermes étaient pratiquement indissociables du
chauffage par hypocauste, puisque le foyer (le praefurnium) qui
assurait le chauffage d'une ou plusieurs salles sur hypocauste,
chauffait également la chaudière des bains. (Certaines pièces sur
hypocauste n'étant pas nécessairement pourvues de bains).
Je
vous propose donc de visiter ensemble les thermes luxueux de la villa
de Haccourt, qui était située sur les hauteurs de la vallée
mosane, dans la cité des Tongres (aujourd'hui, au nord de Liège, en
Belgique).
Plan
général de la villa de Haccourt
La
première installation de bains fut construite dans une aile réservée
à cet usage au sud du corps de logis principal. Sa construction date
de la fin du premier siècle. Une seconde installation vint s'ajouter
au début du IIe siècle, puis d'autres pièces plus luxueuses
vinrent compléter l'ensemble au milieu du IIe siècle.
L'extension
maximale du complexe balnéaire atteindra une superficie de 665 m2
dans la première moitié du IIIe siècle, avec des pièces
mosaïquées, décorées d'enduits peints et revêtues de marbres.
La
villa, comme les thermes, seront abandonnés au cours de la seconde
moitié du IIIe siècle, probablement suite aux destructions causées
par les raids germaniques de cette époque-là.
L'accès
aux thermes se faisait par un couloir (1), qui reliait le complexe
des bains au corps de logis de la villa. On entrait par un vestibule
(2), pour se déshabiller dans le vestiaire (3). Puis on pouvait
passer par le sudatorium (4) chauffé par le praefurnium (5).
Du
frigidarium (6), on pouvait accéder à la piscine froide (7). Le
baigneur pouvait ensuite se rendre dans le tepidarium (8), puis le
caldarium (9 et 10), qui comportait des bassins et des baignoires.
L'ensemble étant chauffé par le praefurnium (11).
Une
baignoire chaude (12) était chauffée par le praefurnium (13), et
une autre piscine assez vaste se trouvait au sud-est du complexe
thermal (14).
Le
petit local (15) aurait pu être un caldarium (?). Et il est possible
qu'un espace sous auvent ait servi de lieu de stockage du bois de
combustion (16).
Source :
le site de la villa de Haccourt a été fouillé entre 1967 et 1970
par le Service National des Fouilles, sous la direction de M. G. De
Boe.
Lexique :
Caldarium :
C'est la pièce la plus chaude, car située le plus près du foyer
(praefurnium). Une baignoire ou une piscine y était souvent
installée.
Tepidarium :
comme son l'indique, c'était une pièce intermédiaire à la
température tiède, souvent située entre le caldarium et le
frigidarium. Elle permettait un passage en douceur de la pièce
froide à la pièce chaude (ou l'inverse).
Frigidarium :
il s'agissait de la pièce la plus éloignée du praefurnium, et de
ce fait la plus froide. Elle pouvait aussi être équipée de bains
froids.
Sudadorium :
comparable au hammam actuel, il s'agissait d'une petite pièce très
chaude, une étuve humide, dont la fonction était de faire
transpirer.
Laconicum :
était plutôt une étuve sèche (sauna).
Tubuli :
Dans les salles sur hypocauste, la chaleur du praefurnium se
diffusait autant sous le sol (suspensura) maintenu par des pilettes,
que dans les murs par les tubuli. Certains tubuli servant
d'évacuation des fumées (voir schéma ci-dessus).
Dessin :
Jean-Pierre Adam, La Construction romaine : matériaux et
techniques, Paris, Picard, coll. « Grands manuels Picard »,
1984, 1re éd., in-quarto (28 cm), 756 ill., 367 p.