Présentation

Même si l'Antiquité romaine fut une période rude et souvent implacable pour beaucoup d'êtres humains, nous ne pouvons nier que dans de nombreux domaines la civilisation romaine fut innovante et même fascinante. Si Rome a conquis nos terres à la force du glaive pour imposer ensuite son pouvoir sous la férule des légions et de son administration centralisée, elle nous a aussi légué sa culture et, pour ce qui nous intéresse dans ce blog, son savoir-faire en matière d'urbanisme, d'architecture et de construction. C'est précisément ce domaine des habitations romaines typiques des campagnes, les villae, que je vous invite à découvrir ensemble.

lundi 3 décembre 2018

Une villa romaine avec vue sur mer !

Connu depuis 1932, le site antique de Piantarella a été révélé notamment par M. Paul Rossi, directeur du Collège de Bonifacio, puis il fut partiellement fouillé par l'archéologue Paul Agostini.
La villa, située au sud-est de la Corse, fut construite à l'époque augustéenne et a subsisté jusqu'au 4e siècle de notre ère. Elle est implantée sur un promontoire rocheux au bord du littoral, entre les étangs de Piantarella (ancienne saline) et la plage de Sperone, l'ancien port romain, aujourd'hui ensablé.

Les premières campagnes de fouilles avaient déjà mis en évidence un habitat important s'étendant sur quelque 3 500 m2, et constitué d'une cinquantaine de pièces, dont un vaste complexe thermal.
Selon Gaël Brkojewitsch, l'archéologue responsable des fouilles, la villa n'avait rien a envier aux prestigieuses demeures maritimes qui longeaient le littoral entre Rome et Naples.

La plupart des murs en pierre furent bâtis en « opus incertum » (voir photos), et la présence d'entrepôts et de docks révélerait une activité économique intense entre la villa et le monde extérieur. En témoignent, plusieurs fragments d'amphores gauloises, hispaniques, italiques et même mauritaniennes retrouvés aux côtés de céramiques de tradition locale (type « Korsi »).
L'emplacement d'une ancienne cale de halage pour bateaux repérée à côté de l'ancien port confirmerait cette activité commerciale du domaine.

Les différentes compagnes de fouilles

La première campagne de fouilles a débuté au printemps 2015. Les données antérieures ont été mises à jour. Puis, un travail de défrichement et de nettoyage des vestiges a permis l'établissement d'un plan précis des constructions visibles. Enfin, les vestiges et aménagements supposés antiques et découverts par le passé ont été vérifiés pour confirmation (ou non) de leur authenticité (viviers, cales à bateaux, réservoirs et carrières).

La deuxième campagne a eu lieu en automne 2016. La zone sud du corps de logis a été nettoyée et une prospection a été menée sur l'île Piana. Un inventaire des collections, provenant de fouilles anciennes, en partie dispersées chez des riverains, a été réalisé. Puis différentes prospections ont été lancées à l'initiative de S. Clerbois. Elles portaient sur les carrières de granit de l'archipel de Lavezzi et de La Maddalena.

La troisième campagne s'est déroulée du 16/10 au 02/11/2017. Le travail financé par la DRAC s'est étendu au projet : « Les Bouches de Bonifacio à l’époque romaine : approches archéologiques et géo-archéologiques ».
La fouille a été consacrée à l'ouverture de sept sondages de vérification et d'une fouille approfondie des bains et du corps de logis. Les résultats probants ont permis d'affiner les connaissances et de mieux comprendre l'histoire du site et son évolution à travers le temps. A noter la découverte d'une sépulture dans une des pièces, dont la datation n'est pas encore précisée. Du mobilier en céramique, en verre et en métal a été étudié puis dessiné. Différentes données recueillies ont été mises à l'étude et du matériel de stockage a été acheté pour le conditionnement des prélèvements. Enfin, la partie sud de la villa a été vectorisée afin d'établir un relevé détaillé.

A l'heure où j'écris ces lignes, une quatrième campagne de fouilles est menée sur le site même de la villa et dans ses alentours.
Tout en poursuivant la fouille sur le terrain, l'équipe pluridisciplinaire a étendu ses recherches au détroit de Bonifacio, qui sépare le site de l'île de Cavallo.
Une carrière de granit, où l'on façonnait notamment des colonnes, était en effet exploitée sur l'île à l'époque romaine. Les chercheurs voudraient savoir si un lien peut être établi entre la villa et cette carrière.
D'autre part, la prospection sous-marine a confirmé l'existence d'une digue immergée, non loin de la plage de Sperone, qui aurait pu servir de vivier aux habitants de la villa.

Ce domaine correspond sans conteste à une villa romaine maritime importante du sud de l'île de Beauté. Le site a été classé monument historique en 2007 et il bénéficie en partie d'un financement de la DRAC et de la Mairie de Bonifacio. C'est l'Association Archéologie & Patrimoine en Corse qui gère le projet de mise en valeur avec l'aide de bénévoles et d'une équipe pluridisciplinaire d'archéologues et de scientifiques. Un appel est donc lancé au mécénat et à tous ceux et celles (privés et entreprises) qui désirent soutenir et aider ce projet de valorisation du patrimoine corse.

Résumé rédigé sur base de différentes sources
Décembre 2018
Ph. Laval

Photos :

1) Vue aérienne
Credits photo @APC/G. Brkojewitsch //
aéro-drone-service/Gérard Valéry // Emmanuel Botte





2) Ruines romaines de Piantarella
Cliché pris le 27/04/2014 vers 16h
Travail personnel de TeletubAstyanax













3) Vue d'ensemble après nettoyage
Credits photo @APC/G. Brkojewitsch //
aéro-drone-service/Gérard Valéry // Emmanuel Botte














Vidéo :

jeudi 1 novembre 2018

Une villa romaine en Andalousie


Découverte et situation

Mosaïque, détail.
Depuis octobre 2006, plusieurs campagnes de fouilles archéologiques se succèdent sur le site de la villa romaine de Salar, dans la province de Grenade, mettant en évidence les restes d'une villa de type méridional.
Les premiers vestiges avaient été découverts fortuitement en 2004, lors de travaux d'excavations nécessaires à la construction d'une station de traitement des eaux usées.

Située aujourd'hui au lieu-dit « Revuelta de Enciso », et juste en contre-bas de la route A-4155 qui mène à Salar, la villa se trouvait jadis non loin d'une voie romaine qui traversait la province de Bétique. Cette région du sud de l'Espagne était réputée à l'époque romaine pour ses abondantes productions de blé, d'huile d'olive et de vin.
Le domaine de la villa avait idéalement été implanté au bord de la rivière Salar, qui est devenue aujourd'hui un ruisseau.

Description

Seule un partie des vestiges a été dégagée à ce jour laissant supposer qu'il s'agit vraisemblablement d'une villa luxueuse plus étendue. Parmi les quelques pièces d'habitation mises au jour figure notamment un atrium entouré d'un péristyle avec un en son centre un impluvium. L'impluvium était alimenté par les eaux de pluie de la toiture du péristyle recueillies dans un canal périphérique situé sur le sol de l'atrium.
Du péristyle, on pouvait accéder à un déambulatoire par deux marches en marbre. Le sol du péristyle était pavé de mosaïques polychromes représentant des motifs floraux, différents animaux et des scènes de chasse.

Le déambulatoire reliait le péristyle à un triclinium. Le sol du déambulatoire possède également une magnifique mosaïque où figure une scène mythologique appelée « Thiasos marin », dont les héros n'étaient autre que Poséidon et Amphitrite. Les murs étaient couverts de fresques peintes remarquables. Le décor est fait d'une alternance de motifs végétaux à base de volutes et de feuilles d’acanthe en cercles à motifs géométriques avec des inserts tachetés en triangles inversés et une conjonction d’ovales blancs sur fond rouge semblant imiter les marbres.

Au nord-ouest et au sud-est de l'atrium se trouvent deux pièces accessibles par les deux côtés du péristyle. Leur fonction n'a pas encore pu être précisée.

Le triclinium ouvert sur l'extérieur est surélevé d'une marche par rapport au déambulatoire. Il était probablement recouvert à l'époque d'un treillis en bois ou autre. Dans le prolongement du triclinium se trouvait un nymphée relié à un bassin en U entourant presque entièrement le triclinium (voir la 1er vidéo).
Le sol du triclinium était également couvert d'une mosaïque polychrome de style géométrique, tandis que les plinthes étaient recouvertes de plaques de marbre en opus sectile. Cette mosaïque a dû être restaurée, suite aux dégâts causés par les engins de terrassements qui avaient commencé leur excavation à cet endroit.

Le nymphée construit en abside devait être pourvu d'une fontaine d'où l'eau se déversait dans le bassin en U. Deux statues de Vénus en marbre blanc ont été découvertes à cet endroit, lors des premières campagnes de fouilles. L'une représentant Vénus pudique, dont la tête et l'avant-bras droit manquent, et l'autre n'a conservé que le bas du corps. Cette seconde Vénus porte un grand coquillage au niveau de la taille dont le centre est percé d'un trou. C'est probablement cette statue qui servait de fontaine dans le nymphée.

Dernières nouvelles

Une toiture a été posée sur le site de fouilles, afin de protéger les vestiges des intempéries et des excès du soleil. Une passerelle a également été aménagée à l'intérieur pour permettre la circulation au-dessus des ruines sans gêner le travail des archéologues ni abîmer les vestiges.
D'après les dernières informations publiées récemment, la troisième campagne de fouilles a livré une troisième statue de Vénus capitoline (voir la 2ème vidéo). Cette fois la tête de la statue est intacte, alors que les pieds sont manquants.
Le classement du site en « Bien d'intérêt culturel » est envisagé par les Autorités andalouses avant la fin 2018.
Espérons que ce site nous réserve encore d'heureuses surprises à l'avenir ...

(Résumé rédigé sur base du site https://villaromanasalar.com/ et d'articles de presse).

Novembre 2018
Ph. Laval

Vidéo 1


Vidéo 2



samedi 29 septembre 2018

Une villa gallo-romaine au pied du Ventoux

Découverte fortuitement à l'occasion d'un projet de construction, la villa gallo-romaine des Bruns a fait l'objet d'une fouille de sauvetage dès 1995, suivie de plusieurs campagnes de fouilles menées de 1996 à 2000.
La villa se trouve au pied du mont Ventoux, le long de la route moderne conduisant au sommet du "Géant de Provence", à la sortie du hameau des Bruns (Bédoin, dans le Vaucluse).
Le site s'étend sur une superficie d'environ 1000 m2, et comprend une pars urbana (la résidence) et une pars rustica (bâtiments agricoles). Le bâtiment compte quelque vingt-sept pièces accessibles par une galerie, qui devait être couverte, orientée plein sud. Parmi les locaux identifiés avec précision, figurent deux cubicula (chambres), un tablinum (bureau du propriétaire), un triclinium (salle à manger), des thermes et des locaux à vocation agricole. Malgré l'absence de luxe apparent (comme des mosaïques), les vestiges assez bien conservés comportent des murs d'une hauteur de près de deux mètres.

Les fouilles ont permis de mettre en évidence l'existence d'une petite construction remontant au 1er siècle de notre ère, dont il ne subsiste que quelques bâtiments arasés, deux meules et un ensemble de dolia (jarres en terre cuite semi-enterrées pour le stockage des provisions).
Ensuite, la villa proprement dite fut édifiée au cours du second siècle sur un plan barlong, préfigurant ainsi le mas provençal.
Son emplacement sur une terrasse à flan de montagne explique sa construction toute en longueur (80 m x 11 m), à la différence du plan habituel des villas du sud-est de la France bâties autour d'un atrium (pièce centrale) autour duquel s'articulent les autres locaux.

La partie agricole se situe au sud-est, alors que la partie résidentielle s'étend au nord-ouest, les thermes se situant à la jonction. Les éléments découverts révèlent une différence architecturale entre ces deux zones. Dans la partie habitable et les thermes, les couvertures étaient supportées par des colonnes enduites constituées de morceaux de terres cuites, tandis que dans les bâtiments à vocation agricole, des poteaux en bois étaient probablement utilisés. Les élévations des murs sont en opus caementicum : mortier de chaux et petits moellons réguliers aux arêtes vives taillés dans le calcaire local. Les sols sont différents selon les zones : terrazzo (béton avec inclusion de calcaire) dans les pièces à vivre ; béton hydraulique dans les thermes et terre battue pour les parties agricoles. Des fragments d'enduits peints ont été découverts à plusieurs endroits. Du bleu dans la baignoire du frigidarium (pièce froide des thermes), du jaune sur les parois de cette même pièce et du rouge dans le grand bassin extérieur.
Il semblerait que la villa ait été abandonnée au cours du 3e siècle ; mais des indices d'une réoccupation tardive aux Ve et VIe siècle avec modification de l'habitat et traces d'une activité métallurgique ont été mis en évidence.

(Résumé fait à partir de plusieurs sources dont celles du Service Culture et Patrimoine et de la Communauté d'agglomération Ventoux Comtat Venaissin (CoVe).

Vue d'ensemble depuis le sud-est



Vue latérale depuis l'est (photo : CoVe)



Fragment de céramique sigillée trouvé dans les remblais




Estampille du potier Mommo, atelier de la Graufesenque, fin du 1er siècle de notre ère



Septembre 2018
Ph. Laval

mercredi 1 août 2018

La villa romaine de Goeblange

Description

La villa de Goeblange-Miecher compte parmi les établissements agricoles les plus grands du territoire trévire. Le complexe construit à partir du début du 1er siècle ap. J.-C. comprend au moins sept bâtiments en pierre répartis sur une superficie de 5 hectares, dont certains sont entourés d’une levée de terre. A côté d’une luxueuse maison de maître et d’une autre demeure plus ancienne, le site recèle un bâtiment d’habitation supplémentaire, un petit temple ainsi que trois édifices secondaires.
L'intérêt spécifique du site est que le propriétaire du lieu semble avoir rompu très tôt avec la tradition celtique, après l’écrasement de la révolte trévire, en faisant ériger un mausolée inspiré du modèle romain, vers 30 ap. J.-C.
Au cours des incursions germaniques de la fin du 3ème siècle, la maison du maître a été transformée en burgus, une fortification civile composée de trois levées de terre, d’une palissade de bois, ainsi que d’une tour massive, destinées à la protection contre les raids barbares. Au début du 4ème siècle, la villa connaît une nouvelle embellie qui permet le démantèlement du burgus défensif. L’établissement agricole est abandonné vers la fin du 4ème siècle, dans les turbulences des grandes invasions barbares. Ses vestiges sont laissés à l’abandon jusqu’à leur redécouverte par l’abbé Georges Kayser en 1964.

Accès

A partir du parking de la CR 189 entre Goeblange et Simmerschmelz, des panneaux explicatifs guident le visiteur à travers les époques de l’âge de la pierre, du bronze et l'époque celte, jusqu’aux constructions en pierre romaines. Six bâtiments, dont les fondations et/ou les murs ont été restaurées, le mausolée, ainsi que la fortification de l’Antiquité tardive reconstituée peuvent être visités gratuitement durant toute l’année. De nombreux panneaux fournissent des explications de chaque bâtiment ainsi que des aspects particuliers de la culture gallo-romaine. Ceux qui veulent visiter les cinq tumulus des propriétaires de la ferme de l’époque celtique peuvent suivre le chemin forestier pendant 500 m. Un petit chemin marqué d’une amphore mène ensuite vers les 13 tombes de la nécropole de Goeblange-Nospelt.
Des visites de groupes pour les deux site peuvent être réservées auprès de « Georges Kayser Altertumsfuerscher » à l’adresse : gka@gka.lu


(Texte revu par moi-même)

La première villa



Ce bâtiment dont la construction remonte au 1er siècle servit de première résidence aux propriétaires du domaine et subit de nombreuses transformations au fil de son utilisation. A cause de celles-ci et du piètre état de conservation des restes muraux, le plan original du bâtiment n'est plus clairement reconnaissable. Aux 2e et 3e siècles les pièces du nord-ouest furent aménagées en bains tandis que le reste du bâtiment était probablement mis à la disposition des serviteurs. Le propriétaire quant à lui se fit construire une demeure plus spacieuse (bâtiment 1).

Au centre de la pièce principale (1) se trouvait un foyer. Un deuxième situé plus à l'ouest a dû appartenir à un bâtiment plus ancien. La pièce 2 servait de chambre de chauffe pour le bassin d'eau chaude (caldarium) situé dans la pièce 3.

Dans la pièce 4 furent trouvées les fondations soit d'un bassin d'eau froide (frigidarium) soit d'une latrine dont le contenu pouvait être évacué moyennant le canal de vidange du caldarium. La structure semi-circulaire de la pièce 6 peut être interprétée comme une sorte de sauna (sudatorium). Un foyer dans l'angle sud chauffait la pièce 8.
Tandis que les caves (pièces 9, 12 et 16) servaient à entreposer des provisions, la fonction des locaux 5, 7, 10, 11, 13 et 14 n'est pas connue.

Vue de la première villa (à 50 m de la seconde)


La seconde villa (bâtiment 1)


La nouvelle résidence du propriétaire du domaine fut construite au début du 3e siècle, avec à l'origine une superficie de 700m2. Ce bâtiment avait l'aspect d'une villa gallo-romaine à portique typique, avec deux pièces d'angle proéminentes (risalites/pièces 4 et 5), une terrasse avec colonnade (portique/pièce 1) ainsi qu'une pièce principale avec foyer (pièce 2). Le bâtiment était axé sur un mausolée circulaire préexistant. Une cave très spacieuse (pièce 3) était accessible par un escalier partant de la pièce principale. La paroi sud-est de la cave était percée par trois fenêtres. Depuis la pièce principale une chambre de combustion permettait de chauffer la pièce 7 (caldarium) par circulation d'air chaud sous le plancher et dans les parois. La fonction des pièces 8, 9 et 10 (en mauvais état de conservation) ne peut être clairement définie. L'annexe 14 peut, sur la base d'offrandes trouvées, être qualifiée de petit sanctuaire domestique.

Pendant la période d'occupation la résidence a subi toute une série de transformations ou d'extensions (pièces 6, 12 et 13). De même, vers la fin du 3e siècle et sous la menace des incursions de Germains, une fortification civile (burgus) fut aménagée. Ainsi une partie de la demeure (anciennes pièces 8, 9 et 10) fut transformée en une sorte de chambre forte tandis que les abords immédiats du bâtiment furent protégés par une palissade en bois (15), des levées de terre et par au moins trois fossés de défense (16).

Quand au début du 4e siècle sous Constantin le Grand commença une période de sécurité relative, le « burgus » fut démantelé, la palissade démontée et les fossés comblés. Les couches supérieures du remblai étaient constituées de gravats tels qu'enduits muraux, tuiles et fragments de calcaire. Probablement les habitants avaient rénové l'immeuble et s'étaient débarrassé des gravats dans les fossés de défense.

Au cours de ces transformations la cave également reçut une nouvelle destination. Les ouvertures de la porte et des fenêtres furent murées. La surface d'origine fut divisée en trois pièces de dimensions différentes (3, 3a et 3b) et se vit attribuer les fonctions de bassin de décantation et de réservoir d'eau. Le tout fut alimenté par une conduite d'eau souterraine en bois (17) venant de l'est mais dont le point de départ n'a pas encore été constaté.
Le bâtiment 1 fut vraisemblablement abandonné vers la fin du 4e siècle.

Représentation de la seconde villa


Vue de la façade d'entrée de la seconde villa



Hypocauste avec le praefurnium dans l'angle de la pièce



Photos : Ph. Laval

dimanche 1 juillet 2018

Archéologie et hi-tech

En vous souhaitant des vacances ensoleillées et riches en émotion ...




Juillet 2018
Ph. Laval

vendredi 15 juin 2018

La villa de l'empereur romain

Voici une villa romaine, située non loin de Trèves, dont la pauvreté des vestiges contraste avec l'importance historique du site. Il ne subsiste en effet pratiquement plus aucun vestige de ce qui fut vraisemblablement une villa impériale au Bas-Empire. D'après le récit du poète Ausone, il semblerait bien que cette villa palatiale fut une des résidences de plusieurs empereurs de la deuxième moitié du IVe siècle.

Palais impérial romain, Konz

Le palais impérial romain était situé sur un versant au-dessus du pont et offrait une vue imprenable sur l’estuaire de la Sarre et les alentours. L’architecture des lieux se voulait représentative d’un certain style de vie. Des couloirs à colonnes et des peintures murales d’une grande qualité laissent deviner une influence méditerranéenne. Au-delà d’une entrée principale de 3,16 m, l’accès était assuré par trois autres larges portes armées. Le cœur du bâtiment était constitué par une salle centrale fastueuse servant aux réceptions et aux fêtes. Deux grandes fenêtres de 2,70 m y laissaient entrer la lumière. Les pièces de vie étaient regroupées autour de la salle.

L’aile ouest du palais abritait une piscine majestueuse. Au 4e siècle après J.C., le poète romain Ausonius évoqua les « murs impériaux » sur l’estuaire de la Sarre. On peut donc en conclure que le maître des lieux était certainement la cour impériale de Trèves. À Contionacum (Konz), l’empereur Valentinien 1er signa même plusieurs arrêts concernant les esclaves, les impôts et le droit de succession de la famille impériale.

On a pu démontrer que l’empereur Valentinien I (364-375) a habité ces lieux. Mais aussi Valentinien II (375-392) ; Gratien (367-383), qui fut élevé par Ausonius, et Magnus Maximus (383-388) ont dû eux aussi séjourner à Konz, car à l’époque où ils gouvernaient, la villa était habitée. Plus tard, des incursions germaniques affaiblirent la région.

Le palais fut abandonné au moment du transfert de l’administration romaine à Arles vers 400 après J.C. Il n’en reste plus aujourd’hui que la partie ouest des bains froids (frigidarium), des restes du mur de soutènement de la salle centrale et d’un promenoir. Sous l’église, on trouve encore le foyer de l’installation qui servait à chauffer la salle de réception.

En 2007, la ville de Konz a entrepris de nombreuses mesures de valorisation du palais impérial. Ainsi, les pièces historiques ont été signalées par des bandes de pierre calcaire qui laissent parfaitement deviner les dimensions du site. En hauteur, la villa impériale a été représentée par une sculpture métallique éclairée de nuit et arborant deux fenêtres en arc. Cinq panneaux d’information relatent l’importance et les particularités historiques du site.

Adresse : Konz, Pfarrkirche St. Nikolaus, Martinstr. 22

Restitution hypothétique avec le confluent de la Sarre et de la Moselle à l'arrière


Un des rares vestiges


Juin 2018
Ph. Laval

vendredi 1 juin 2018

La villa San Marco

La villa San Marco fut bâtie à l'époque d'Auguste à proximité immédiate de l'antique cité de Stabiae (Stabies) en Campanie (Italie). Construite sur deux niveaux dans un style architectural somptueux et grandiose, l'ensemble de la résidence occupe une superficie de plus de 11 000 m2. La villa compte un grand nombre de pièces, dont certaines étaient décorées de magnifiques fresques, de sculptures et de mosaïques qui n'ont rien à envier à celles découvertes à Pompéi et Herculanum. Parmi les différentes pièces et installations, citons : un complexe thermal sophistiqué et complet, une grande cuisine où l'on peut encore voir le banc de cuisson, une cour intérieure avec piscine, un triclinium, dont la vue donne sur la baie, des portiques, des jardins intérieurs et un nymphée en demi-cercle. Le nom de San Marco provient d'une chapelle qui se trouvait non loin du site au 18e siècle.
Les premières fouilles de la villa furent réalisées entre 1749 et 1754, essentiellement pour récupérer le mobilier archéologique et les fresques les mieux conservées. Puis la villa fut ré-enterrée (ce qui est le meilleur moyen pour conserver des vestiges). Une nouvelle campagne de fouilles eut lieu en 1950 par Libero d'Orsi et O. Elia du service de la Surintendance archéologique.

Juin 2018
Ph. Laval (résumé d'après plusieurs sources)




Source: « La villa San Marco a Stabia » Centre Jean Berard. Ecole Française de Rome. 1999. 3 Vol. IN°4


Vidéo:



vendredi 18 mai 2018

La villa romaine de Borg

Découverte et mise en valeur

La villa romaine de Borg fut découverte à la fin du XIXe siècle, grâce à la curiosité de Johann Schneider, un instituteur d'Oberleuken, passionné d'histoire et d'archéologie. Comme membre d'une société régionale d'Histoire et d'Archéologie, il en avisa le Musée provincial de Trèves, où il envoya les relevés de ses premiers sondages, ainsi que plusieurs objets antiques découverts sur le site.
Les deux guerres mondiales firent tomber dans l'oubli les recherches de Monsieur Schneider. Mais, préoccupée par les fouilles clandestines qui menaçaient de détruire le site, la Fondation culturelle de Merzig-Wadem décida d'organiser des fouilles archéologiques officielles sur le site.
La première campagne de fouilles débuta le 1er avril 1987, en collaboration avec la commune de Perl, propriétaire du terrain boisé.
L'importance des vestiges suscita l'intérêt des scientifiques allemands et étrangers ; et la décision fut prise, non seulement de mettre au jour les ruines, mais aussi de rebâtir la villa sur ses fondations antiques, telle qu'elle devait apparaître aux IIe-IIIe siècle ap. J.-C.
Les thermes et la taverne furent d'abord réalisés en 1997, puis la maison du maître et la cour intérieure avec le bassin furent ouverts au public en mai 1999. Une troisième partie fut achevée en été 2001 et le bâtiment du porche fut terminé en 2004. Enfin la cuisine fut opérationnelle dès 2008. Le coût des travaux ayant été financé pour 70% par le gouvernement du Land de Sarre.

Vue de la villa reconstruite




Description

La villa de Borg a été judicieusement implantée sur les sols fertiles du Muschelkalk, un plateau situé entre les vallées de la Sarre et de la Moselle, non loin de l'importante voie romaine Metz-Trèves.
L'ensemble des bâtiments de la pars urbana et de la pars rustica s'étend sur une longueur de quelque 500 m et une largeur de 150 m, occupant ainsi une superficie de 7,5 hectares, faisant de cette villa une des plus grandes du nord de la Gaule.
Les fouilles ont également révélé la présence de bâtiments plus anciens en matériaux périssables et des objets appartenant à l'époque gauloise ; ce qui indiquerait une continuité d'occupation de la période de la Tène finale au Haut-Empire romain.

La pars urbana, reconstruire, est délimitée de la pars rustica, non encore fouillée, par un bâtiment-porche imposant.
L'accès à la pars urbana se faisait par la porte cochère du bâtiment-porche. Cette construction s'est faite en quatre phases successives. Et la dernière fonction du bâtiment fut tout à fait différente vers la fin de l'occupation de la villa.

La résidence du maître, au centre de la pars urbana, est flanquée de deux ailes d'habitations de chaque côté, qu'une galerie à colonnade relie entre elles. Le complexe résidentiel, orienté à l'Ouest, entoure une cour avec des jardins prolongés d'un bassin aquatique, donnant à la résidence un caractère palatial évident. Le chemin d'accès menant à l'entrée de la résidence divise les jardins et le bassin aquatique en deux parties symétriques.
Un imposant complexe thermal se trouvait dans l'aile droite de la résidence (en regardant la façade). Il comprenait un vestiaire, un frigidarium, un caldarium, un tepidarium, des latrines, et bien sûr des pièces chauffées par hypocauste. Les fouilles y ont révélé six phases de transformations majeures.
L'aile gauche de la partie résidentielle, constituée de nombreux petits locaux, semblerait avoir eu une utilité économique et artisanale. Certaines de ces pièces étaient également chauffées par hypocauste.

Une première cuisine datée du début de l'occupation de la villa a été repérée dans l'aile gauche de la résidence. La seconde cuisine de l'aile droite date d'une période plus récente.
Enfin, les bâtiments de la pars rustica n'ont pas encore été fouillés, et aucun projet de reconstruction n'est envisagé à ce jour, à moins d'une découverte inattendue.

Résumé rédigé sur base du texte de Bettina Birkenhagen, décembre 2008


Parc archéologique Villa romaine de Borg – Accueil du public
Du mardi au dimanche et jours fériés
D’avril à octobre : de 10 h à 18 h
Février, mars et novembre : de 11 h à 16 h
Fermé le lundi et décembre et janvier !

Heures d’ouverture de la Taverne
Elles sont identiques aux heures d’ouverture de la villa Romaine de Borg.
Sur demande, les manifestations spéciales (fêtes d’associations, d’entreprises
ou familiales) sont également possibles en dehors des heures d’ouverture.

Tarifs
Adultes ................................................................................... 5,00 €
Tarif réduit ............................................................................... 4,00 €
Scolaires, étudiants, handicapés (sur présentation de la carte)
Familles (deux adultes et enfants de moins de 14 ans) ........... 10,00 €
Enfants de moins de 6 ans ............................................... Entrée libre
Enfants de moins de 14 ans ..................................................... 2,00 €
Groupe de 20 personnes et plus, prix par personne ................. 4,00 €
Classes scolaires, forfait jusqu’à 30 personnes ....................... 35,00 €

Visites guidées (sur rendez-vous uniquement)
Groupes .................................................... 50,00 € plus prix d‘entrée
Classes scolaires ........................................ 50,00 € plus prix d‘entrée
(Visites guidées découverte et visites guidées dans les jardins sur demande)
Responsable : Kulturstiftung Merzig-Wadern
Photos : Helwin Götzinger et Villa Borg
Avril 2016

Parc archéologique Villa romaine de Borg
Im Meeswald 1, D-66706 Perl-Borg
Téléphone : +49 (0)6865 9117-0
Fax : +49 (0)6865 9117-17
Internet : www.villa-borg.de
Courriel : info@villa-borg.de


Bâtiment-porche reconstruit




Vidéo :



Mai 2018
Ph. Laval

jeudi 10 mai 2018

Qu'est qu'une villa romaine (suite 2) ?

Thermes & hypocaustes

Il ne fait aucun doute que les bains romains (thermae) et le système de chauffage par le sol dit « sur hypocauste » furent des innovations majeures en Gaule, comme dans le reste de l'Empire romain. Il faudra, en effet, attendre près de 2000 ans, pour retrouver un système de chauffage aussi sophistiqué dans nos habitations modernes.
Les thermes avaient, pour les Romains, un rôle bien plus important que le simple entretien du corps ou l'hygiène. Se rendre aux thermes, c'était affirmer son statut de citoyen et son attachement à la culture romaine. On n'allait pas aux thermes uniquement pour se laver ! On y rencontrait des gens, on s'y délassait, on discutait et on y « refaisait le monde ».
Si les thermes publiques des villes étaient accessibles à tous les citoyens, les bains privés, qui nous intéressent ici, étaient évidemment réservés aux membres de la famille du propriétaire de la villa et à ses invités.

Par ailleurs, les thermes étaient pratiquement indissociables du chauffage par hypocauste, puisque le foyer (le praefurnium) qui assurait le chauffage d'une ou plusieurs salles sur hypocauste, chauffait également la chaudière des bains. (Certaines pièces sur hypocauste n'étant pas nécessairement pourvues de bains).



Je vous propose donc de visiter ensemble les thermes luxueux de la villa de Haccourt, qui était située sur les hauteurs de la vallée mosane, dans la cité des Tongres (aujourd'hui, au nord de Liège, en Belgique).

Plan général de la villa de Haccourt




La première installation de bains fut construite dans une aile réservée à cet usage au sud du corps de logis principal. Sa construction date de la fin du premier siècle. Une seconde installation vint s'ajouter au début du IIe siècle, puis d'autres pièces plus luxueuses vinrent compléter l'ensemble au milieu du IIe siècle.
L'extension maximale du complexe balnéaire atteindra une superficie de 665 m2 dans la première moitié du IIIe siècle, avec des pièces mosaïquées, décorées d'enduits peints et revêtues de marbres.
La villa, comme les thermes, seront abandonnés au cours de la seconde moitié du IIIe siècle, probablement suite aux destructions causées par les raids germaniques de cette époque-là.




L'accès aux thermes se faisait par un couloir (1), qui reliait le complexe des bains au corps de logis de la villa. On entrait par un vestibule (2), pour se déshabiller dans le vestiaire (3). Puis on pouvait passer par le sudatorium (4) chauffé par le praefurnium (5).
Du frigidarium (6), on pouvait accéder à la piscine froide (7). Le baigneur pouvait ensuite se rendre dans le tepidarium (8), puis le caldarium (9 et 10), qui comportait des bassins et des baignoires. L'ensemble étant chauffé par le praefurnium (11).
Une baignoire chaude (12) était chauffée par le praefurnium (13), et une autre piscine assez vaste se trouvait au sud-est du complexe thermal (14).
Le petit local (15) aurait pu être un caldarium (?). Et il est possible qu'un espace sous auvent ait servi de lieu de stockage du bois de combustion (16).

Source : le site de la villa de Haccourt a été fouillé entre 1967 et 1970 par le Service National des Fouilles, sous la direction de M. G. De Boe.

Lexique :

Caldarium : C'est la pièce la plus chaude, car située le plus près du foyer (praefurnium). Une baignoire ou une piscine y était souvent installée.

Tepidarium : comme son l'indique, c'était une pièce intermédiaire à la température tiède, souvent située entre le caldarium et le frigidarium. Elle permettait un passage en douceur de la pièce froide à la pièce chaude (ou l'inverse).

Frigidarium : il s'agissait de la pièce la plus éloignée du praefurnium, et de ce fait la plus froide. Elle pouvait aussi être équipée de bains froids.

Sudadorium : comparable au hammam actuel, il s'agissait d'une petite pièce très chaude, une étuve humide, dont la fonction était de faire transpirer.

Laconicum : était plutôt une étuve sèche (sauna).

Tubuli : Dans les salles sur hypocauste, la chaleur du praefurnium se diffusait autant sous le sol (suspensura) maintenu par des pilettes, que dans les murs par les tubuli. Certains tubuli servant d'évacuation des fumées (voir schéma ci-dessus).



Dessin : Jean-Pierre Adam, La Construction romaine : matériaux et techniques, Paris, Picard, coll. « Grands manuels Picard », 1984, 1re éd., in-quarto (28 cm), 756 ill., 367 p.

Mai 2018
Ph. Laval