" Tels sont les tableaux qui se déroulent sur la longue étendue des eaux, à la vue des villas qui penchent suspendues à la crête des roches." (Ausone, Mosella)
Présentation
Même si l'Antiquité romaine fut une période rude et souvent implacable pour beaucoup d'êtres humains, nous ne pouvons nier que dans de nombreux domaines la civilisation romaine fut innovante et même fascinante. Si Rome a conquis nos terres à la force du glaive pour imposer ensuite son pouvoir sous la férule des légions et de son administration centralisée, elle nous a aussi légué sa culture et, pour ce qui nous intéresse dans ce blog, son savoir-faire en matière d'urbanisme, d'architecture et de construction. C'est précisément ce domaine des habitations romaines typiques des campagnes, les villae, que je vous invite à découvrir ensemble.
Depuis
octobre 2006, plusieurs campagnes de fouilles archéologiques se
succèdent sur le site de la villa romaine de Salar, dans la province
de Grenade, mettant en évidence les restes d'une villa de type
méridional.
Les
premiers vestiges avaient été découverts fortuitement en 2004,
lors de travaux d'excavations nécessaires à la construction d'une
station de traitement des eaux usées.
Située
aujourd'hui au lieu-dit « Revuelta
de Enciso »,
et juste en contre-bas de la route A-4155 qui mène à Salar, la
villa se trouvait jadis non loin d'une voie romaine qui traversait la
province de Bétique. Cette région du sud de l'Espagne était
réputée à l'époque romaine pour ses abondantes productions de
blé, d'huile d'olive et de vin.
Le
domaine de la villa avait idéalement été implanté au bord de la
rivière Salar, qui est devenue aujourd'hui un ruisseau.
Description
Seule
un partie des vestiges a été dégagée à ce jour laissant supposer
qu'il s'agit vraisemblablement d'une villa luxueuse plus étendue.
Parmi les quelques pièces d'habitation mises au jour figure
notamment un atrium entouré d'un péristyle avec un en son centre un
impluvium. L'impluvium était alimenté par les eaux de pluie de la
toiture du péristyle recueillies dans un canal périphérique situé
sur le sol de l'atrium.
Du
péristyle, on pouvait accéder à un déambulatoire par deux marches
en marbre. Le sol du péristyle était pavé de mosaïques
polychromes représentant des motifs floraux, différents animaux et
des scènes de chasse.
Le
déambulatoire reliait le péristyle à un triclinium. Le sol du
déambulatoire possède également une magnifique mosaïque où
figure une scène mythologique appelée « Thiasos marin »,
dont les héros n'étaient autre que Poséidon et Amphitrite. Les
murs étaient couverts de fresques peintes remarquables. Le
décor est fait d'une alternance de motifs végétaux à base de
volutes et de feuilles d’acanthe en cercles à motifs géométriques
avec des inserts tachetés en triangles inversés et une conjonction
d’ovales blancs sur fond rouge semblant imiter les marbres.
Au
nord-ouest et au sud-est de l'atrium se trouvent deux pièces
accessibles par les deux côtés du péristyle. Leur fonction n'a pas
encore pu être précisée.
Le
triclinium ouvert sur l'extérieur est surélevé d'une marche par
rapport au déambulatoire. Il était probablement recouvert à
l'époque d'un treillis en bois ou autre. Dans le prolongement du
triclinium se trouvait un nymphée relié à un bassin en U entourant
presque entièrement le triclinium (voir la 1er vidéo).
Le
sol du triclinium était également couvert d'une mosaïque
polychrome de style géométrique,
tandis que les plinthes étaient recouvertes de plaques de marbre en
opus sectile. Cette
mosaïque a dû être restaurée, suite aux dégâts causés par les
engins de terrassements qui avaient commencé leur excavation à cet
endroit.
Le
nymphée construit en abside devait être pourvu d'une fontaine d'où
l'eau se déversait dans le bassin en U. Deux statues de Vénus en
marbre blanc ont été découvertes à cet endroit, lors des
premières campagnes de fouilles. L'une représentant Vénus pudique,
dont la tête et l'avant-bras droit manquent, et l'autre n'a conservé
que le bas du corps. Cette seconde Vénus porte un grand coquillage
au niveau de la taille dont le centre est percé d'un trou. C'est
probablement cette statue qui servait de fontaine dans le nymphée.
Dernières
nouvelles
Une
toiture a été posée sur le site de fouilles, afin de protéger les
vestiges des intempéries et des excès du soleil. Une passerelle a
également été aménagée à l'intérieur pour permettre la
circulation au-dessus des ruines sans gêner le travail des
archéologues ni abîmer les vestiges.
D'après
les dernières informations publiées récemment, la troisième
campagne de fouilles a livré une troisième statue de Vénus
capitoline (voir la 2ème vidéo). Cette fois la tête de la statue
est intacte, alors que les pieds sont manquants.
Le
classement du site en « Bien
d'intérêt culturel » est envisagé par
les Autorités andalouses avant la fin 2018.
Espérons
que ce site nous réserve encore d'heureuses surprises à l'avenir
...
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