Présentation

Même si l'Antiquité romaine fut une période rude et souvent implacable pour beaucoup d'êtres humains, nous ne pouvons nier que dans de nombreux domaines la civilisation romaine fut innovante et même fascinante. Si Rome a conquis nos terres à la force du glaive pour imposer ensuite son pouvoir sous la férule des légions et de son administration centralisée, elle nous a aussi légué sa culture et, pour ce qui nous intéresse dans ce blog, son savoir-faire en matière d'urbanisme, d'architecture et de construction. C'est précisément ce domaine des habitations romaines typiques des campagnes, les villae, que je vous invite à découvrir ensemble.

dimanche 3 mars 2019

La villa de Minori en Campagnie


1) Contexte

Cette magnifique villa, splendidement située dans la ravissante petite baie de Minori, toujours ensoleillée, est âgée de presque deux mille ans. Elle fut en effet bâtie pendant le 1er siècle, probablement à l’époque de l’empereur Tibère, lorsque la mode du temps dictait de se retirer dans des endroits solitaires pour y passer ses loisirs (otia). Tibère lui-même passa ainsi les dernières années de sa vie (de 14 à 37) dans l’île de Capri et, lorsque la mer houleuse ne permettait pas les liaisons, il communiquait avec le continent par le moyen de signaux de fumée ou de signaux lumineux.

A la différence d’autres villas de la zone, dont on retrouve des restes à Positano, sur les petites îles Li Galli, sur la Pointe de la Campanella, etc., la villa de Minori a gardé intactes ses structures architecturales ; malheureusement il ne reste que le rez-de-chaussée, que les inondations et les décharges des maisons bâties au-dessus au Moyen-Age ont préservé de dégâts ultérieurs au cours des siècles.

2) Les fouilles

La villa fut découverte par hasard en 1932 et les fouilles commencèrent en 1934. Après avoir été à nouveau ensevelie par la terrible inondation de 1954, elle fut complètement remise à jour, à l’exception du côté est du Péristyle, qui est recouvert par des maisons modernes. Ensuite, on l’abandonna tout à fait, de sorte que l’indifférence et le haut degré d’humidité ont irrémédiablement compromis l’état de conservation des précieuses mosaïques et peintures dont sont ornés certains endroits de la villa, qui est aujourd’hui à environ 5 mètres en dessous du niveau de la rue.

3) La villa

La villa n’était accessible que par la mer et avait, probablement, un quai abrité et même des viviers pour l’élevage des poissons, comme toutes les villas maritimes de l’époque. La seule voie d’accès terrestre, qui la mettait en communication avec la plaine du Sarno, passait par le Col de Chiunzi ; elle était à peine plus large qu’un sentier et, par conséquent, difficilement praticable par les chars, en particulier pendant la mauvaise saison. Comme chacun sait, la route côtière Vietri-Positano n’a été achevée qu’au cours du siècle passé.

La villa est constituée d’un grand jardin (viridarium) avec bassin central, entouré sur trois côtés d’un péristyle à larges piliers de briques (opus latericus), à la différence du reste de la villa où l’on utilisa les pierres calcaires locales (opus incertus).

L’endroit le plus prestigieux était, sans doute, le triclinium, avec son nymphée (14), vaste salle à manger où, contrairement à la coutume, les trois lits classiques sont remplacés par deux banquettes maçonnées à terre-plein (qui ne datent pas de la première structure de la villa mais ont été ajoutées quelques siècles plus tard), avec un petit canal pour le lavage des mains et l’évacuation des déchets de nourriture.

Du revêtement en marbre ne subsistent que quelques traces. Les stucs de la voûte, les fresques murales, et surtout les belles mosaïques du sol (du IIIème siècle), représentant des êtres marins chevauchés par des Néréïdes et une scène de chasse, sont sérieusement abîmés.

A l’ouest du triclinium, à part certains locaux de réception, il y avait l’espace thermal : tepidarium (G), caldarium (E), praefurnium (F), tandis que le local D était peut-être l’apodyterium où l’on se déshabillait.

Deux escaliers symétriques, d’un bel effet scénographique, conduisaient à l’étage supérieur ; malheureusement il ne reste que l’escalier ouest.

De l’étage supérieur, ne subsistent que des éléments de structure, dont un bassin avec suspensurae.

4) Dans l’Antiquarium sont exposées de remarquables trouvailles :
quelques beaux panneaux peints, retrouvés à proximité de la villa ;
une cinquantaine d’amphores de différents types, provenant de saisies et de fouilles sous-marines ;
un lararium, provenant de Scafati : c’est-à-dire une niche où l’on conservait les petites statues des dieux Lares, divinités protectrices de la maison ;
une meule de moulin à céréales ;
plusieurs nœuds d’ancre en plomb ;
plusieurs types de vaisselle, des cruches, des écuelles, des lampes ;
des hameçons et des instruments en bronze pour fabriquer et réparer les filets de pêche ;
trois dolia : gros récipients en terre cuite qui contenaient de l’huile, des céréales, etc
des tessons de céramique du Moyen-Age, retrouvés durant les fouilles effectuées en 1984 à proximité de la villa.


La vidéo propose une hypothèse de reconstruction du viridarium de l'ancienne villa romaine de Minori toute proche de la mer. Elle utilise des techniques avancées d’infographie 3D et de post-production pour simuler l’architecture de la villa et son jardin (viridarium) en essayant de faire comprendre aux visiteurs la lecture des vestiges archéologiques actuels et sa relation avec la mer. La villa est aujourd’hui irrémédiablement compromise par le fait qu'elle date du premier siècle après Jésus-Christ.

Vidéo :



Mars 2019