" Tels sont les tableaux qui se déroulent sur la longue étendue des eaux, à la vue des villas qui penchent suspendues à la crête des roches." (Ausone, Mosella)
Présentation
Même si l'Antiquité romaine fut une période rude et souvent implacable pour beaucoup d'êtres humains, nous ne pouvons nier que dans de nombreux domaines la civilisation romaine fut innovante et même fascinante. Si Rome a conquis nos terres à la force du glaive pour imposer ensuite son pouvoir sous la férule des légions et de son administration centralisée, elle nous a aussi légué sa culture et, pour ce qui nous intéresse dans ce blog, son savoir-faire en matière d'urbanisme, d'architecture et de construction. C'est précisément ce domaine des habitations romaines typiques des campagnes, les villae, que je vous invite à découvrir ensemble.
Cette
magnifique villa, splendidement située dans la ravissante petite
baie de Minori, toujours ensoleillée, est âgée de presque deux
mille ans. Elle fut en effet bâtie pendant le 1er siècle,
probablement à l’époque de l’empereur Tibère, lorsque la mode
du temps dictait de se retirer dans des endroits solitaires pour y
passer ses loisirs (otia). Tibère lui-même passa ainsi les
dernières années de sa vie (de 14 à 37) dans l’île de Capri et,
lorsque la mer houleuse ne permettait pas les liaisons, il
communiquait avec le continent par le moyen de signaux de fumée ou
de signaux lumineux.
A
la différence d’autres villas de la zone, dont on retrouve des
restes à Positano, sur les petites îles Li Galli, sur la Pointe de
la Campanella, etc., la villa de Minori a gardé intactes ses
structures architecturales ; malheureusement il ne reste que le
rez-de-chaussée, que les inondations et les décharges des maisons
bâties au-dessus au Moyen-Age ont préservé de dégâts ultérieurs
au cours des siècles.
2)
Les fouilles
La
villa fut découverte par hasard en 1932 et les fouilles commencèrent
en 1934. Après avoir été à nouveau ensevelie par la terrible
inondation de 1954, elle fut complètement remise à jour, à
l’exception du côté est du Péristyle, qui est recouvert par des
maisons modernes. Ensuite, on l’abandonna tout à fait, de sorte
que l’indifférence et le haut degré d’humidité ont
irrémédiablement compromis l’état de conservation des précieuses
mosaïques et peintures dont sont ornés certains endroits de la
villa, qui est aujourd’hui à environ 5 mètres en dessous du
niveau de la rue.
3)
La villa
La
villa n’était accessible que par la mer et avait, probablement, un
quai abrité et même des viviers pour l’élevage des poissons,
comme toutes les villas maritimes de l’époque. La seule voie
d’accès terrestre, qui la mettait en communication avec la plaine
du Sarno, passait par le Col de Chiunzi ; elle était à peine plus
large qu’un sentier et, par conséquent, difficilement praticable
par les chars, en particulier pendant la mauvaise saison. Comme
chacun sait, la route côtière Vietri-Positano n’a été achevée
qu’au cours du siècle passé.
La
villa est constituée d’un grand jardin (viridarium) avec bassin
central, entouré sur trois côtés d’un péristyle à larges
piliers de briques (opus latericus), à la différence du reste de la
villa où l’on utilisa les pierres calcaires locales (opus
incertus).
L’endroit
le plus prestigieux était, sans doute, le triclinium, avec son
nymphée (14), vaste salle à manger où, contrairement à la
coutume, les trois lits classiques sont remplacés par deux
banquettes maçonnées à terre-plein (qui ne datent pas de la
première structure de la villa mais ont été ajoutées quelques
siècles plus tard), avec un petit canal pour le lavage des mains et
l’évacuation des déchets de nourriture.
Du
revêtement en marbre ne subsistent que quelques traces. Les stucs de
la voûte, les fresques murales, et surtout les belles mosaïques du
sol (du IIIème siècle), représentant des êtres marins chevauchés
par des Néréïdes et une scène de chasse, sont sérieusement abîmés.
A
l’ouest du triclinium, à part certains locaux de réception, il y
avait l’espace thermal : tepidarium (G), caldarium (E), praefurnium
(F), tandis que le local D était peut-être l’apodyterium où l’on
se déshabillait.
Deux
escaliers symétriques, d’un bel effet scénographique,
conduisaient à l’étage supérieur ; malheureusement il ne reste
que l’escalier ouest.
De
l’étage supérieur, ne subsistent que des éléments de structure,
dont un bassin avec suspensurae.
4)
Dans l’Antiquarium sont exposées de remarquables trouvailles :
quelques
beaux panneaux peints, retrouvés à proximité de la villa ;
une
cinquantaine d’amphores de différents types, provenant de saisies
et de fouilles sous-marines ;
un
lararium, provenant de Scafati : c’est-à-dire une niche où l’on
conservait les petites statues des dieux Lares, divinités
protectrices de la maison ;
une
meule de moulin à céréales ;
plusieurs
nœuds d’ancre en plomb ;
plusieurs
types de vaisselle, des cruches, des écuelles, des lampes ;
des
hameçons et des instruments en bronze pour fabriquer et réparer les
filets de pêche ;
trois
dolia : gros récipients en terre cuite qui contenaient de l’huile,
des céréales, etc
des
tessons de céramique du Moyen-Age, retrouvés durant les fouilles
effectuées en 1984 à proximité de la villa.
La
vidéo propose une hypothèse de reconstruction du viridarium de
l'ancienne villa romaine de Minori toute proche de la mer. Elle
utilise des techniques avancées d’infographie 3D et de
post-production pour simuler l’architecture de la villa et son
jardin (viridarium) en essayant de faire comprendre aux visiteurs la
lecture des vestiges archéologiques actuels et sa relation avec la
mer. La villa est aujourd’hui irrémédiablement compromise par le
fait qu'elle date du premier siècle après Jésus-Christ.
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