Présentation

Même si l'Antiquité romaine fut une période rude et souvent implacable pour beaucoup d'êtres humains, nous ne pouvons nier que dans de nombreux domaines la civilisation romaine fut innovante et même fascinante. Si Rome a conquis nos terres à la force du glaive pour imposer ensuite son pouvoir sous la férule des légions et de son administration centralisée, elle nous a aussi légué sa culture et, pour ce qui nous intéresse dans ce blog, son savoir-faire en matière d'urbanisme, d'architecture et de construction. C'est précisément ce domaine des habitations romaines typiques des campagnes, les villae, que je vous invite à découvrir ensemble.

jeudi 21 décembre 2017

LA VILLA GALLO-ROMAINE D'ANDILLY

Villa gallo-romaine d'Andilly (Haute-Marne)

52360 ANDILLY-EN-BASSIGNY
GPS : 47.929916,5.512776
Téléphone : 03 25 32 88 54 / Service de la Culture du Conseil Général de Haute-Marne, Fax : 03 25 32 86 04

Situé à proximité du mont Mercure, le site gallo-romain d'Andilly se niche dans un repli du paysage du Bassigny où dominent prairies verdoyantes et collines boisées. La première mention de découvertes archéologiques sur le site remonte à 1832 : un sarcophage de l'époque mérovingienne est mis au jour parmi des restes considérables de constructions. En 1895, des recherches entreprises par l'abbé Multier, curé d'Andilly, dégagent des vestiges identifiés alors comme étant ceux d'un temple ou d'un édifice important.

A compter de 1961, la Société de Sciences Naturelles et d'Archéologie de la Haute-Marne engage un vaste programme de fouilles sur le site. Pendant près de trente ans, chaque été, sous la direction successive de Pierre Ballet et de Thérèse Zeyer, des fouilleurs bénévoles mettent progressivement au jour les vestiges d'un impressionnant ensemble gallo-romain, composé d'une villa et de son complexe thermal, ainsi qu'une partie de nécropole mérovingienne venue s'implanter ultérieurement. Devenue propriété du Conseil Général de la Haute-Marne en 1965, la villa gallo-romaine d'Andilly-en-Bassigny a été classée Monument Historique le 7 février 1986.

Si de nombreux sites ont été repérés par des découvertes fortuites ou des prospections aériennes, rares sont les structures d'habitats dont la demeure principale, les cours, les communs, les granges, les annexes, l'enceinte, la voie d'accès, voire la nécropole et les sanctuaires voisins ont été entièrement fouillés. Les fouilleurs ne se sont pas contentés du seul dégagement de l'aile thermale : ils ont prolongé leurs recherches vers le secteur artisanal et agricole. La compréhension de l'architecture de la villa et de son fonctionnement en est ainsi grandement facilitée. A cet égard, la villa d'Andilly est caractéristique de ces vastes établissements ruraux gallo-romains : sa situation géographique, sa proximité avec la voie romaine reliant Langres au Rhin (Strasbourg), et la superficie des vestiges la classent dans le type des grandes exploitations.

Par ailleurs, le site d'Andilly est remarquable non seulement par l'ampleur des structures actuellement dégagées, mais aussi parce que ses vestiges sont les seuls témoins visitables d'une telle occupation rurale de l'Est de la France.

Horaires : 
Ouvert du 1er juin au 18 septembre de 10h à 12h30 et de 14h à 18h en semaine ; de 10h à 18h les week-ends et jours fériés.
Visites guidées les week-ends et jours fériés (durée 1h).

Vidéo :


dimanche 17 décembre 2017

La villa gallo-romaine de Nadrin

Cette modeste villa située en Ardenne fut mise au jour et fouillée dès 1975 par le Cercle d’Histoire et d’Archéologie SEGNIA. L'habitation du type galerie-façade mesure 29,60 m sur 25 m et fut construite en schiste gréseux, une pierre de provenance locale. Le bâtiment fut implanté sur une pente douce en contrebas d'une crête pour éviter les vents dominants. L'approvisionnement en eau pouvait être assuré par une source située à une centaine de mètres de la villa.

Les vestiges, peu nombreux, mis au jour lors des fouilles témoignent d'une occupation allant du premier siècle au milieu du troisième siècle ap. J.-C. La villa fut probablement abandonnée après avoir été incendiée vers 260.

D'après le plan et sur les photos, on peut voir une pièce d'angle (B) pourvue d'un foyer, suivie d'un petit local (C) chauffé par hypocauste (G), puis un corridor (D) donnant accès à une autre pièce comportant une cave au sous-sol (E). Et enfin un salle de séjour (F) au nord du bâtiment.
Alors que cette partie ouest de la villa possède encore des murs d'une hauteur de plus d'un mètre, le reste des murs de l'aile droite sont arasés au niveau du sol.

Le plan



Vue de l'aile ouest



                                                                                Suspensura de l'hypocauste













La cave















Décembre 2017
Ph. Laval

mardi 12 décembre 2017

Représentations antiques de villas romaines

Plus encore que l'archéologie, les rares représentations antiques de villas, provenant des quatre coins de l'empire, et parvenues jusqu'à notre époque, confirment parfaitement la description, souvent élogieuse, faite par certains auteurs de l'Antiquité.
En voici quelques-unes.

Une villa maritime

Représentation d'une villa maritime sur un panneau peint (Ier siècle de notre ère), région de Pompéi. Musée de Naples. Cliché Jean-Pierre Brun.



Fresque d'une villa romaine découverte dans la région de Trèves, IIe siècle ap. J.-C. Rheinisches landsmuseum Trier


Villa de Tabarka, la « maison du maître »
Mosaïque de Tabarka (Tunisie) illustrant une villa. Collections : Musée du Bardo à Tunis


Restitutions de la villa de Tabarka
Deux hypothèses de restitution de la villa de Tabarka représentée sur la mosaïque, d'après TSarnowski et N. Duval. Dessin Y. Junius.


Décembre 2017
Ph. Laval

samedi 9 décembre 2017

La villa belgo-romaine de Graux

La villa belgo-romaine de Graux (province de Namur, Belgique) fut fouillée en 1899 par la Société archéologique de Namur.

Maquette d'une reconstitution hypothétique réalisée par l'auteur suivant le plan du relevé des fouilles.
























Plan du relevé des fouilles de 1899




Décembre 2017
Ph. Laval

jeudi 7 décembre 2017

Qu'est ce qu'une villa romaine ?

La villa (pl. Villae) est un terme latin désignant une propriété foncière rurale constituée d'habitations (pars urbana), de dépendances agricoles et/ou artisanales (pars rustica) et de terres (fundium).

La villa se distingue donc du domus, qui est une habitation luxueuse, plutôt urbaine, comprenant un atrium, et de l'insula, qui est un immeuble à appartements multiples typique des villes (l'ancêtre de nos HLM).
Habitats des campagnes par excellence, la majorité des villas avaient une fonction principalement agraire, mais certaines étaient plutôt spécialisées dans l'artisanat, et d'autres dans la pèche (villas maritimes).

Ces villas appartenaient le plus souvent à des individus riches ou illustres qui louaient parfois leur domaine ou le mettaient en gérance dans les mains d'un intendant (le villicus).
Si au début de l'empire, le propriétaire de la villa était le plus souvent un colon romain (un légionnaire vétéran ayant reçu une propriété, ou un riche citoyen romain), au fil du temps, les propriétaires étaient des autochtones parvenus et influents acquis à la culture romaine (les Gallo-romains pour la Gaule).

Un peu à l'image des ranchs américains du XIXe siècle dans la culture anglo-saxonne, ou des haciendas d’Amérique latine pour le monde hispanique, la villa romaine était un excellent vecteur de propagation de la civilisation romaine. Elle constituait un véritable centre de productions et d'échanges et, de ce fait, était soumise au fisc romain. Les nombreux vestiges (monnaies, ustensiles et céramiques) retrouvés au cours des fouilles archéologiques témoignent de ces échanges multiples entre le monde latin et les pays conquis.
En général, la main d’œuvre des villas était constituée d'esclaves, mais des citoyens libres étaient également présents dans ces vastes domaines ruraux.
La villa romaine a donc fortement contribué à l'épanouissement de la civilisation latine dans tout l'empire, depuis le premier siècle ap. J.-C., jusqu'à son effondrement au Ve siècle (pour la Gaule).

Histoire et évolution des villas

Quand César arriva en Gaule, il décrivit les Gaulois comme vivant dans des oppida, lieux fortifiés élevés, des vici (villages) et dans des aedificia (fermes gauloises).
Après la conquête et dès que les populations furent pacifiées, les fermes traditionnelles gauloises en bois et torchis cédèrent la place à des habitations bâties en dur sur le modèle romain, mais avec certaines adaptations au climat de nos contrées.
C'est donc sous Auguste vers la fin du premier siècle av. J.-C. qu'apparaîtront les villas romaines dans les campagnes gauloises (elles étaient déjà présentes dans le bassin méditerranéen, puis dans la Provincia, dès 120 av. J.-C.).

De la simple habitation sans luxe au départ, la villa s'agrandira au fil des années en se dotant de pièces d'habitations supplémentaires, parfois décorées de mosaïques, d'enduits peints, et équipées de bains (thermes), ainsi que du célèbre système de chauffage par le sol appelé hypocauste.

En Gaule, le modèle le plus courant est la villa de dimension rectangulaire, s'ouvrant au sud par une galerie couverte à colonnade flanquée de deux tours d'angle. Mais il existait de nombreuse variantes et le bâtiment allait de la simple habitation familiale à la résidence palatiale, telle la villa d'Echternach au Grand-duché du Luxembourg qui comptait pas moins de 70 pièces !

L'âge d'or des villas se situe entre le 1er siècle à la moitié du 3e siècle ap. J.-C. En effet, dès les années 260 et jusqu'à la fin du 3e siècle, les invasions barbares à répétitions favorisées par des troubles au sein de l'armée et des usurpations à la tête de l'empire auront des répercussions très graves en Gaule, et par la même sur les populations rurales et urbaines. Si les villes se réduisirent en parvenant à se protéger derrière des enceintes fortifiées, les villas subirent de plein fouet les ravages causés par les bandes de barbares en quête de butin qui déferlèrent sur tout l'empire.
C'est à cette époque que beaucoup de villas seront incendiées et détruites pour être souvent abandonnées à tout jamais.

Certaines seront cependant reconstruites de façon plus sommaire sans le raffinement des siècles précédents, alors que d'autres retrouveront le faste du Haut-Empire (surtout dans la vallée mosellane en raison de l'accession de Trèves au rang de capitale du Bas-Empire).
Ce IVe siècle sera donc pour certaines villas l'apothéose de la civilisation romaine dans nos contrées, car à partir de la grande invasion barbare de l'an 406, on ne retrouvera jamais plus un tel mode de vie jusqu'à notre époque moderne. A suivre ...

Décembre 2017
Ph. Laval