La
villa
(pl. Villae)
est un terme latin désignant une propriété foncière rurale
constituée d'habitations (pars urbana), de dépendances agricoles
et/ou artisanales (pars rustica) et de terres (fundium).
La
villa se distingue donc du domus,
qui est une habitation luxueuse, plutôt urbaine, comprenant un
atrium, et de l'insula, qui est un immeuble à appartements multiples
typique des villes (l'ancêtre de nos HLM).
Habitats
des campagnes par excellence, la majorité des villas avaient une
fonction principalement agraire, mais certaines étaient plutôt
spécialisées dans l'artisanat, et d'autres dans la pèche (villas
maritimes).
Ces
villas appartenaient le plus souvent à des individus riches ou
illustres qui louaient parfois leur domaine ou le mettaient en
gérance dans les mains d'un intendant (le villicus).
Si
au début de l'empire, le propriétaire de la villa était le plus
souvent un colon romain (un légionnaire vétéran ayant reçu une
propriété, ou un riche citoyen romain), au fil du temps, les
propriétaires étaient des autochtones parvenus et influents acquis
à la culture romaine (les Gallo-romains pour la Gaule).
Un
peu à l'image des ranchs américains du XIXe siècle dans la culture
anglo-saxonne, ou des haciendas d’Amérique latine pour le monde
hispanique, la villa romaine était un excellent vecteur de
propagation de la civilisation romaine. Elle constituait un véritable
centre de productions et d'échanges et, de ce fait, était soumise
au fisc romain. Les nombreux vestiges (monnaies, ustensiles et
céramiques) retrouvés au cours des fouilles archéologiques
témoignent de ces échanges multiples entre le monde latin et les
pays conquis.
En
général, la main d’œuvre des villas était constituée
d'esclaves, mais des citoyens libres étaient également présents
dans ces vastes domaines ruraux.
La
villa romaine a donc fortement contribué à l'épanouissement de la
civilisation latine dans tout l'empire, depuis le premier siècle ap.
J.-C., jusqu'à son effondrement au Ve siècle (pour la Gaule).
Histoire
et évolution des villas
Quand
César arriva en Gaule, il décrivit les Gaulois comme vivant dans
des oppida, lieux fortifiés élevés, des vici (villages) et dans
des aedificia (fermes gauloises).
Après
la conquête et dès que les populations furent pacifiées, les
fermes traditionnelles gauloises en bois et torchis cédèrent la
place à des habitations bâties en dur sur le modèle romain, mais
avec certaines adaptations au climat de nos contrées.
C'est
donc sous Auguste vers la fin du premier siècle av. J.-C.
qu'apparaîtront les villas romaines dans les campagnes gauloises
(elles étaient déjà présentes dans le bassin méditerranéen,
puis dans la Provincia,
dès 120 av. J.-C.).
De
la simple habitation sans luxe au départ, la villa s'agrandira au
fil des années en se dotant de pièces d'habitations
supplémentaires, parfois décorées de mosaïques, d'enduits peints,
et équipées de bains (thermes), ainsi que du célèbre système de
chauffage par le sol appelé hypocauste.
En
Gaule, le modèle le plus courant est la villa de dimension
rectangulaire, s'ouvrant au sud par une galerie couverte à
colonnade flanquée de deux tours d'angle. Mais il existait de
nombreuse variantes et le bâtiment allait de la simple habitation
familiale à la résidence palatiale, telle la villa d'Echternach au Grand-duché du Luxembourg qui comptait pas moins de 70 pièces !
L'âge
d'or des villas se situe entre le 1er siècle à la moitié du 3e
siècle ap. J.-C. En effet, dès les années 260 et jusqu'à la fin
du 3e siècle, les invasions barbares à répétitions favorisées
par des troubles au sein de l'armée et des usurpations à la tête
de l'empire auront des répercussions très graves en Gaule, et par
la même sur les populations rurales et urbaines. Si les villes se
réduisirent en parvenant à se protéger derrière des enceintes
fortifiées, les villas subirent de plein fouet les ravages causés
par les bandes de barbares en quête de butin qui déferlèrent sur
tout l'empire.
C'est
à cette époque que beaucoup de villas seront incendiées et
détruites pour être souvent abandonnées à tout jamais.
Certaines
seront cependant reconstruites de façon plus sommaire sans le raffinement des
siècles précédents, alors que d'autres retrouveront le faste du
Haut-Empire (surtout dans la vallée mosellane en raison de
l'accession de Trèves au rang de capitale du Bas-Empire).
Ce
IVe siècle sera donc pour certaines villas l'apothéose de la
civilisation romaine dans nos contrées, car à partir de la grande
invasion barbare de l'an 406, on ne retrouvera jamais plus un tel
mode de vie jusqu'à notre époque moderne. A suivre ...
Décembre 2017
Ph. Laval
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