Présentation

Même si l'Antiquité romaine fut une période rude et souvent implacable pour beaucoup d'êtres humains, nous ne pouvons nier que dans de nombreux domaines la civilisation romaine fut innovante et même fascinante. Si Rome a conquis nos terres à la force du glaive pour imposer ensuite son pouvoir sous la férule des légions et de son administration centralisée, elle nous a aussi légué sa culture et, pour ce qui nous intéresse dans ce blog, son savoir-faire en matière d'urbanisme, d'architecture et de construction. C'est précisément ce domaine des habitations romaines typiques des campagnes, les villae, que je vous invite à découvrir ensemble.

lundi 22 juin 2020

Les matériaux de construction dans la villa (3)

La mosaïque

Pour la plupart des archéologues, la mise au jour d'une mosaïque est toujours un événement exceptionnel et passionnant. Mais, si peu d'entre-elles sont parvenues intactes jusqu'à nous, certaines sont cependant de véritables chefs-d'oeuvre de l'art antique.
Les Grecs utilisaient déjà la mosaïque pour décorer leurs habitations, mais ce sont les Romains qui l'ont certainement sublimée.
Le nom « mosaïque » s'écrivait en latin « musivum opus » et provenait du mot grec « Movoa » signifiant « muse ».

Si la mosaïque était utilisée pour le pavement du sol et le revêtement mural des habitations, elle servait aussi dans la décoration des fontaines, des grottes et des nymphées. Son utilité était autant décorative que fonctionnelle, puisqu'elle protégeait les sols et les murs (surtout dans les thermes), tout en dévoilant des décors monochromes, bichromes ou polychromes comportant des motifs géométriques et ornementaux, des scènes de chasse, des végétaux, des animaux et des scènes de la mythologie.

Historique :

C'est au 8e siècle av. J.-C. que l'on voit apparaître les premières mosaïques de galets en Asie Mineure. De petits galets noirs, blancs et rouges d'un à deux centimètres étaient enfoncés verticalement sur un lit de mortier. Le décor géométrique était parfois entouré d'un fil de plomb pour accentuer le dessin.
Dès le 6e siècle av. J.-C. la technique de la mosaïque de galets se développera en Grèce. Et, au siècle suivant, les sujets figurés feront leur apparition à Corinthe et en Sicile. Ce savoir faire se répandra ensuite au 4e et 3e siècle av. J.-C. à Athènes, à Erétrie, à Olynthe, à Olympie, à Pella, à Rhodes, à Sicyone et en Egypte.

A l'époque d'Alexandre le Grand, la mosaïque de galets atteindra son apogée, notamment à Pella, capitale de la Macédoine.

On verra ensuite apparaître une technique nouvelle, précurseur des tesselles, dans laquelle des éclats de cailloux et de galets seront utilisés.

La mosaïque de tesselles apparaît au milieu du 3e siècle av. J.-C. Le plus ancien pavement en tesselles ayant été découvert dans la « maison de Ganymède » à Morgantina, en Sicile.

Les tesselles (tessellae) sont des petits cubes de pierres, de marbres, de pâtes de verres et de terres cuites de couleurs différentes taillés en série que l'on enfonce dans un lit de mortier, selon un décor déterminé d'avance. La pose de ces tesselles requérait une main d'oeuvre habile et expérimentée, car les gabarits des dessins étaient tracés à même le mortier frais !
Un radier de cailloux (stratumem) était recouvert d'une chape de béton (rudus), sur laquelle un mortier de chaux et de débris de terre cuite (nucleus) reposait.
Une fois le décor dessiné, les tesselles étaient fixées au moyen d'un lait de chaux.

Les techniques :

  • L'opus tessellatum, où de petits cubes de 1 à 2 cm de cotés étaient utilisés pour former des motifs géométriques ou figurés, bichromes ou polychromes.

  • L'opus vermiculatum, où étaient utilisés des tesselles de petites dimensions (quelques milimètres parfois) pour réaliser des motifs figuratifs ou ornementaux et des dessins très fins. Le panneau en opus vermiculatum pouvait être inséré dans un décor en opus tessellatum, et portait alors le nom d'« emblema ».

  • L'opus sectile, dans lequel étaient utilisés des fragments de pierres et de verres colorés de tailles différentes.

Il existait différents ateliers de mosaïstes aux quatre coins de l'Empire, et il est parfois possible de reconnaître quel était le groupe d'artisans ayant réalisé telle mosaïque ou telle autre. Ces artisans étaient souvent amenés à se déplacer pour se rendre chez le client et réaliser ainsi leur travail in situ.
En Gaule, les ateliers les plus connus étaient installés à Lyon et à Vienne en Isère. Mais, il y avait des ateliers dans presque toutes les villes de l'Empire.

Vidéo :



Juin 2020
Ph. Laval