" Tels sont les tableaux qui se déroulent sur la longue étendue des eaux, à la vue des villas qui penchent suspendues à la crête des roches." (Ausone, Mosella)
Présentation
Même si l'Antiquité romaine fut une période rude et souvent implacable pour beaucoup d'êtres humains, nous ne pouvons nier que dans de nombreux domaines la civilisation romaine fut innovante et même fascinante. Si Rome a conquis nos terres à la force du glaive pour imposer ensuite son pouvoir sous la férule des légions et de son administration centralisée, elle nous a aussi légué sa culture et, pour ce qui nous intéresse dans ce blog, son savoir-faire en matière d'urbanisme, d'architecture et de construction. C'est précisément ce domaine des habitations romaines typiques des campagnes, les villae, que je vous invite à découvrir ensemble.
La
villa romaine de Borg fut découverte à la fin du XIXe siècle,
grâce à la curiosité de Johann Schneider, un instituteur
d'Oberleuken, passionné d'histoire et d'archéologie. Comme membre
d'une société régionale d'Histoire et d'Archéologie, il en avisa
le Musée provincial de Trèves, où il envoya les relevés de ses
premiers sondages, ainsi que plusieurs objets antiques découverts
sur le site.
Les
deux guerres mondiales firent tomber dans l'oubli les recherches de
Monsieur Schneider. Mais, préoccupée par les fouilles clandestines
qui menaçaient de détruire le site, la Fondation culturelle de
Merzig-Wadem décida d'organiser des fouilles archéologiques
officielles sur le site.
La
première campagne de fouilles débuta le 1er avril 1987, en
collaboration avec la commune de Perl, propriétaire du terrain
boisé.
L'importance
des vestiges suscita l'intérêt des scientifiques allemands et
étrangers ; et la décision fut prise, non seulement de mettre
au jour les ruines, mais aussi de rebâtir la villa sur ses
fondations antiques, telle qu'elle devait apparaître aux IIe-IIIe
siècle ap. J.-C.
Les
thermes et la taverne furent d'abord réalisés en 1997, puis la
maison du maître et la cour intérieure avec le bassin furent
ouverts au public en mai 1999. Une troisième partie fut achevée en
été 2001 et le bâtiment du porche fut terminé en 2004. Enfin la
cuisine fut opérationnelle dès 2008. Le coût des travaux ayant été
financé pour 70% par le gouvernement du Land de Sarre.
Vue de la villa reconstruite
Description
La
villa de Borg a été judicieusement implantée sur les sols fertiles
du Muschelkalk, un plateau situé entre les vallées de la Sarre et
de la Moselle, non loin de l'importante voie romaine Metz-Trèves.
L'ensemble
des bâtiments de la pars urbana et de la pars rustica s'étend sur
une longueur de quelque 500 m et une largeur de 150 m, occupant ainsi
une superficie de 7,5 hectares, faisant de cette villa une des plus
grandes du nord de la Gaule.
Les
fouilles ont également révélé la présence de bâtiments plus
anciens en matériaux périssables et des objets appartenant à
l'époque gauloise ; ce qui indiquerait une continuité
d'occupation de la période de la Tène finale au Haut-Empire romain.
La
pars urbana, reconstruire, est délimitée de la pars rustica, non
encore fouillée, par un bâtiment-porche imposant.
L'accès
à la pars urbana se faisait par la porte cochère du
bâtiment-porche. Cette construction s'est faite en quatre phases
successives. Et la dernière fonction du bâtiment fut tout à fait
différente vers la fin de l'occupation de la villa.
La
résidence du maître, au centre de la pars urbana, est flanquée de
deux ailes d'habitations de chaque côté, qu'une galerie à
colonnade relie entre elles. Le complexe résidentiel, orienté à
l'Ouest, entoure une cour avec des jardins prolongés d'un bassin
aquatique, donnant à la résidence un caractère palatial évident.
Le chemin d'accès menant à l'entrée de la résidence divise les
jardins et le bassin aquatique en deux parties symétriques.
Un
imposant complexe thermal se trouvait dans l'aile droite de la
résidence (en regardant la façade). Il comprenait un vestiaire, un
frigidarium, un caldarium, un tepidarium, des latrines, et bien sûr
des pièces chauffées par hypocauste. Les fouilles y ont révélé
six phases de transformations majeures.
L'aile
gauche de la partie résidentielle, constituée de nombreux petits
locaux, semblerait avoir eu une utilité économique et artisanale.
Certaines de ces pièces étaient également chauffées par
hypocauste.
Une
première cuisine datée du début de l'occupation de la villa a été
repérée dans l'aile gauche de la résidence. La seconde cuisine de
l'aile droite date d'une période plus récente.
Enfin,
les bâtiments de la pars rustica n'ont pas encore été fouillés,
et aucun projet de reconstruction n'est envisagé à ce jour, à
moins d'une découverte inattendue.
Résumé
rédigé sur base du texte de Bettina Birkenhagen, décembre 2008
Il
ne fait aucun doute que les bains romains (thermae) et le système de
chauffage par le sol dit « sur hypocauste » furent des
innovations majeures en Gaule, comme dans le reste de l'Empire
romain. Il faudra, en effet, attendre près de 2000 ans, pour
retrouver un système de chauffage aussi sophistiqué dans nos
habitations modernes.
Les
thermes avaient, pour les Romains, un rôle bien plus important que
le simple entretien du corps ou l'hygiène. Se rendre aux thermes,
c'était affirmer son statut de citoyen et son attachement à la
culture romaine. On n'allait pas aux thermes uniquement pour se
laver ! On y rencontrait des gens, on s'y délassait, on
discutait et on y « refaisait le monde ».
Si
les thermes publiques des villes étaient accessibles à tous les
citoyens, les bains privés, qui nous intéressent ici, étaient
évidemment réservés aux membres de la famille du propriétaire de
la villa et à ses invités.
Par
ailleurs, les thermes étaient pratiquement indissociables du
chauffage par hypocauste, puisque le foyer (le praefurnium) qui
assurait le chauffage d'une ou plusieurs salles sur hypocauste,
chauffait également la chaudière des bains. (Certaines pièces sur
hypocauste n'étant pas nécessairement pourvues de bains).
Je
vous propose donc de visiter ensemble les thermes luxueux de la villa
de Haccourt, qui était située sur les hauteurs de la vallée
mosane, dans la cité des Tongres (aujourd'hui, au nord de Liège, en
Belgique).
Plan
général de la villa de Haccourt
La
première installation de bains fut construite dans une aile réservée
à cet usage au sud du corps de logis principal. Sa construction date
de la fin du premier siècle. Une seconde installation vint s'ajouter
au début du IIe siècle, puis d'autres pièces plus luxueuses
vinrent compléter l'ensemble au milieu du IIe siècle.
L'extension
maximale du complexe balnéaire atteindra une superficie de 665 m2
dans la première moitié du IIIe siècle, avec des pièces
mosaïquées, décorées d'enduits peints et revêtues de marbres.
La
villa, comme les thermes, seront abandonnés au cours de la seconde
moitié du IIIe siècle, probablement suite aux destructions causées
par les raids germaniques de cette époque-là.
L'accès
aux thermes se faisait par un couloir (1), qui reliait le complexe
des bains au corps de logis de la villa. On entrait par un vestibule
(2), pour se déshabiller dans le vestiaire (3). Puis on pouvait
passer par le sudatorium (4) chauffé par le praefurnium (5).
Du
frigidarium (6), on pouvait accéder à la piscine froide (7). Le
baigneur pouvait ensuite se rendre dans le tepidarium (8), puis le
caldarium (9 et 10), qui comportait des bassins et des baignoires.
L'ensemble étant chauffé par le praefurnium (11).
Une
baignoire chaude (12) était chauffée par le praefurnium (13), et
une autre piscine assez vaste se trouvait au sud-est du complexe
thermal (14).
Le
petit local (15) aurait pu être un caldarium (?). Et il est possible
qu'un espace sous auvent ait servi de lieu de stockage du bois de
combustion (16).
Source :
le site de la villa de Haccourt a été fouillé entre 1967 et 1970
par le Service National des Fouilles, sous la direction de M. G. De
Boe.
Lexique :
Caldarium :
C'est la pièce la plus chaude, car située le plus près du foyer
(praefurnium). Une baignoire ou une piscine y était souvent
installée.
Tepidarium :
comme son l'indique, c'était une pièce intermédiaire à la
température tiède, souvent située entre le caldarium et le
frigidarium. Elle permettait un passage en douceur de la pièce
froide à la pièce chaude (ou l'inverse).
Frigidarium :
il s'agissait de la pièce la plus éloignée du praefurnium, et de
ce fait la plus froide. Elle pouvait aussi être équipée de bains
froids.
Sudadorium :
comparable au hammam actuel, il s'agissait d'une petite pièce très
chaude, une étuve humide, dont la fonction était de faire
transpirer.
Laconicum :
était plutôt une étuve sèche (sauna).
Tubuli :
Dans les salles sur hypocauste, la chaleur du praefurnium se
diffusait autant sous le sol (suspensura) maintenu par des pilettes,
que dans les murs par les tubuli. Certains tubuli servant
d'évacuation des fumées (voir schéma ci-dessus).
Dessin :
Jean-Pierre Adam, La Construction romaine : matériaux et
techniques, Paris, Picard, coll. « Grands manuels Picard »,
1984, 1re éd., in-quarto (28 cm), 756 ill., 367 p.
À
la périphérie de la petite ville idyllique d'Echternach se trouve
une villa
romaine
- une des plus grandes et riches propriétés rurales des environs de
Trèves - Augusta
Treverorum.
Au
milieu de vastes terres agricoles, une ferme entourée de murs
s'étend sur plus de 10 hectares. Sa maison de maître est mise au
jour en 1975/76, lorsque les pelleteuses, qui construisent le lac
artificiel, heurtent des vestiges de murs, quelques centimètres à
peine sous terre. Après 15 mois de travaux de fouilles, la maison de
maître romaine est dégagée.
Ce
véritable palais ne comptait pas moins de 40, plus tard même 70
pièces au rez-de-chaussée, avec des portiques, des cours
intérieures, des bassins d'eau, des placages de marbre, des
mosaïques de pavement et un chauffage au sol.
Le
visiteur peut inspecter la maison du maître, dont les soubassements,
les caves et les bassins d'ornement sont conservés. En outre, il
peut flâner à travers une pergola recouverte de vignes et un jardin
romain dans lequel sont présentées plus de 70 plantes médicinales
et ornementales.
Un
petit centre d'information fournit une image explicite et vivante de
la vie quotidienne dans une villa romaine. Des scènes reconstituées
avec des figures grandeur nature et des maquettes fournissent un
aperçu de l'intérieur de la villa : thermes luxueux, salons de
réception somptueux, cuisine et pièces d'habitation privées ...
Pour
les jeunes visiteurs, la villa
propose
une panoplie d'activités scolaires et extra-scolaires. Des
projections vidéo sur la vie à l'époque romaine et une boutique de
souvenirs font partie de l'offre proposée au visiteur.
Heures
d'ouverture
Le site est ouvert du
27 mars au 30 septembre 2018. lundi :
fermé mardi-dimanche : 10h - 12h et 13h - 17h Jours fériés: 02.04. Lundi de
Pâques: 10h - 17h 01.05. Fête du
Travail: 10h - 17h 10.05. Ascension: 10h
- 17h 21.05. Lundi de
Pentecôte : 10h - 17h 23.06. Fête
Nationale: fermé 15.08. Assomption: 10h
- 17h