Présentation

Même si l'Antiquité romaine fut une période rude et souvent implacable pour beaucoup d'êtres humains, nous ne pouvons nier que dans de nombreux domaines la civilisation romaine fut innovante et même fascinante. Si Rome a conquis nos terres à la force du glaive pour imposer ensuite son pouvoir sous la férule des légions et de son administration centralisée, elle nous a aussi légué sa culture et, pour ce qui nous intéresse dans ce blog, son savoir-faire en matière d'urbanisme, d'architecture et de construction. C'est précisément ce domaine des habitations romaines typiques des campagnes, les villae, que je vous invite à découvrir ensemble.

jeudi 10 mai 2018

Qu'est qu'une villa romaine (suite 2) ?

Thermes & hypocaustes

Il ne fait aucun doute que les bains romains (thermae) et le système de chauffage par le sol dit « sur hypocauste » furent des innovations majeures en Gaule, comme dans le reste de l'Empire romain. Il faudra, en effet, attendre près de 2000 ans, pour retrouver un système de chauffage aussi sophistiqué dans nos habitations modernes.
Les thermes avaient, pour les Romains, un rôle bien plus important que le simple entretien du corps ou l'hygiène. Se rendre aux thermes, c'était affirmer son statut de citoyen et son attachement à la culture romaine. On n'allait pas aux thermes uniquement pour se laver ! On y rencontrait des gens, on s'y délassait, on discutait et on y « refaisait le monde ».
Si les thermes publiques des villes étaient accessibles à tous les citoyens, les bains privés, qui nous intéressent ici, étaient évidemment réservés aux membres de la famille du propriétaire de la villa et à ses invités.

Par ailleurs, les thermes étaient pratiquement indissociables du chauffage par hypocauste, puisque le foyer (le praefurnium) qui assurait le chauffage d'une ou plusieurs salles sur hypocauste, chauffait également la chaudière des bains. (Certaines pièces sur hypocauste n'étant pas nécessairement pourvues de bains).



Je vous propose donc de visiter ensemble les thermes luxueux de la villa de Haccourt, qui était située sur les hauteurs de la vallée mosane, dans la cité des Tongres (aujourd'hui, au nord de Liège, en Belgique).

Plan général de la villa de Haccourt




La première installation de bains fut construite dans une aile réservée à cet usage au sud du corps de logis principal. Sa construction date de la fin du premier siècle. Une seconde installation vint s'ajouter au début du IIe siècle, puis d'autres pièces plus luxueuses vinrent compléter l'ensemble au milieu du IIe siècle.
L'extension maximale du complexe balnéaire atteindra une superficie de 665 m2 dans la première moitié du IIIe siècle, avec des pièces mosaïquées, décorées d'enduits peints et revêtues de marbres.
La villa, comme les thermes, seront abandonnés au cours de la seconde moitié du IIIe siècle, probablement suite aux destructions causées par les raids germaniques de cette époque-là.




L'accès aux thermes se faisait par un couloir (1), qui reliait le complexe des bains au corps de logis de la villa. On entrait par un vestibule (2), pour se déshabiller dans le vestiaire (3). Puis on pouvait passer par le sudatorium (4) chauffé par le praefurnium (5).
Du frigidarium (6), on pouvait accéder à la piscine froide (7). Le baigneur pouvait ensuite se rendre dans le tepidarium (8), puis le caldarium (9 et 10), qui comportait des bassins et des baignoires. L'ensemble étant chauffé par le praefurnium (11).
Une baignoire chaude (12) était chauffée par le praefurnium (13), et une autre piscine assez vaste se trouvait au sud-est du complexe thermal (14).
Le petit local (15) aurait pu être un caldarium (?). Et il est possible qu'un espace sous auvent ait servi de lieu de stockage du bois de combustion (16).

Source : le site de la villa de Haccourt a été fouillé entre 1967 et 1970 par le Service National des Fouilles, sous la direction de M. G. De Boe.

Lexique :

Caldarium : C'est la pièce la plus chaude, car située le plus près du foyer (praefurnium). Une baignoire ou une piscine y était souvent installée.

Tepidarium : comme son l'indique, c'était une pièce intermédiaire à la température tiède, souvent située entre le caldarium et le frigidarium. Elle permettait un passage en douceur de la pièce froide à la pièce chaude (ou l'inverse).

Frigidarium : il s'agissait de la pièce la plus éloignée du praefurnium, et de ce fait la plus froide. Elle pouvait aussi être équipée de bains froids.

Sudadorium : comparable au hammam actuel, il s'agissait d'une petite pièce très chaude, une étuve humide, dont la fonction était de faire transpirer.

Laconicum : était plutôt une étuve sèche (sauna).

Tubuli : Dans les salles sur hypocauste, la chaleur du praefurnium se diffusait autant sous le sol (suspensura) maintenu par des pilettes, que dans les murs par les tubuli. Certains tubuli servant d'évacuation des fumées (voir schéma ci-dessus).



Dessin : Jean-Pierre Adam, La Construction romaine : matériaux et techniques, Paris, Picard, coll. « Grands manuels Picard », 1984, 1re éd., in-quarto (28 cm), 756 ill., 367 p.

Mai 2018
Ph. Laval

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