Thermes
& hypocaustes
Il
ne fait aucun doute que les bains romains (thermae) et le système de
chauffage par le sol dit « sur hypocauste » furent des
innovations majeures en Gaule, comme dans le reste de l'Empire
romain. Il faudra, en effet, attendre près de 2000 ans, pour
retrouver un système de chauffage aussi sophistiqué dans nos
habitations modernes.
Les
thermes avaient, pour les Romains, un rôle bien plus important que
le simple entretien du corps ou l'hygiène. Se rendre aux thermes,
c'était affirmer son statut de citoyen et son attachement à la
culture romaine. On n'allait pas aux thermes uniquement pour se
laver ! On y rencontrait des gens, on s'y délassait, on
discutait et on y « refaisait le monde ».
Si
les thermes publiques des villes étaient accessibles à tous les
citoyens, les bains privés, qui nous intéressent ici, étaient
évidemment réservés aux membres de la famille du propriétaire de
la villa et à ses invités.
Par
ailleurs, les thermes étaient pratiquement indissociables du
chauffage par hypocauste, puisque le foyer (le praefurnium) qui
assurait le chauffage d'une ou plusieurs salles sur hypocauste,
chauffait également la chaudière des bains. (Certaines pièces sur
hypocauste n'étant pas nécessairement pourvues de bains).
Je
vous propose donc de visiter ensemble les thermes luxueux de la villa
de Haccourt, qui était située sur les hauteurs de la vallée
mosane, dans la cité des Tongres (aujourd'hui, au nord de Liège, en
Belgique).
Plan
général de la villa de Haccourt
La
première installation de bains fut construite dans une aile réservée
à cet usage au sud du corps de logis principal. Sa construction date
de la fin du premier siècle. Une seconde installation vint s'ajouter
au début du IIe siècle, puis d'autres pièces plus luxueuses
vinrent compléter l'ensemble au milieu du IIe siècle.
L'extension
maximale du complexe balnéaire atteindra une superficie de 665 m2
dans la première moitié du IIIe siècle, avec des pièces
mosaïquées, décorées d'enduits peints et revêtues de marbres.
La
villa, comme les thermes, seront abandonnés au cours de la seconde
moitié du IIIe siècle, probablement suite aux destructions causées
par les raids germaniques de cette époque-là.
L'accès
aux thermes se faisait par un couloir (1), qui reliait le complexe
des bains au corps de logis de la villa. On entrait par un vestibule
(2), pour se déshabiller dans le vestiaire (3). Puis on pouvait
passer par le sudatorium (4) chauffé par le praefurnium (5).
Du
frigidarium (6), on pouvait accéder à la piscine froide (7). Le
baigneur pouvait ensuite se rendre dans le tepidarium (8), puis le
caldarium (9 et 10), qui comportait des bassins et des baignoires.
L'ensemble étant chauffé par le praefurnium (11).
Une
baignoire chaude (12) était chauffée par le praefurnium (13), et
une autre piscine assez vaste se trouvait au sud-est du complexe
thermal (14).
Le
petit local (15) aurait pu être un caldarium (?). Et il est possible
qu'un espace sous auvent ait servi de lieu de stockage du bois de
combustion (16).
Source :
le site de la villa de Haccourt a été fouillé entre 1967 et 1970
par le Service National des Fouilles, sous la direction de M. G. De
Boe.
Lexique :
Caldarium :
C'est la pièce la plus chaude, car située le plus près du foyer
(praefurnium). Une baignoire ou une piscine y était souvent
installée.
Tepidarium :
comme son l'indique, c'était une pièce intermédiaire à la
température tiède, souvent située entre le caldarium et le
frigidarium. Elle permettait un passage en douceur de la pièce
froide à la pièce chaude (ou l'inverse).
Frigidarium :
il s'agissait de la pièce la plus éloignée du praefurnium, et de
ce fait la plus froide. Elle pouvait aussi être équipée de bains
froids.
Sudadorium :
comparable au hammam actuel, il s'agissait d'une petite pièce très
chaude, une étuve humide, dont la fonction était de faire
transpirer.
Laconicum :
était plutôt une étuve sèche (sauna).
Tubuli :
Dans les salles sur hypocauste, la chaleur du praefurnium se
diffusait autant sous le sol (suspensura) maintenu par des pilettes,
que dans les murs par les tubuli. Certains tubuli servant
d'évacuation des fumées (voir schéma ci-dessus).
Dessin :
Jean-Pierre Adam, La Construction romaine : matériaux et
techniques, Paris, Picard, coll. « Grands manuels Picard »,
1984, 1re éd., in-quarto (28 cm), 756 ill., 367 p.
Mai 2018
Ph. Laval
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