Découverte
fortuitement à l'occasion d'un projet de construction, la villa
gallo-romaine des Bruns a fait l'objet d'une fouille de sauvetage dès
1995, suivie de plusieurs campagnes de fouilles menées de 1996 à
2000.
La
villa se trouve au pied du mont Ventoux, le long de la route moderne
conduisant au sommet du "Géant de Provence", à la sortie
du hameau des Bruns (Bédoin, dans le Vaucluse).
Le
site s'étend sur une superficie d'environ 1000 m2,
et comprend une pars urbana (la résidence) et une pars rustica
(bâtiments agricoles). Le bâtiment compte quelque vingt-sept pièces accessibles par une galerie, qui devait être couverte, orientée plein sud. Parmi les
locaux identifiés avec précision, figurent deux cubicula (chambres), un tablinum (bureau du
propriétaire), un triclinium (salle à manger), des thermes et des
locaux à vocation agricole. Malgré l'absence de luxe apparent (comme des mosaïques), les
vestiges assez bien conservés comportent des murs d'une hauteur de
près de deux mètres.
Les
fouilles ont permis de mettre en évidence l'existence d'une petite
construction remontant au 1er siècle de notre ère, dont il ne
subsiste que quelques bâtiments arasés, deux meules et un ensemble
de dolia (jarres en terre cuite semi-enterrées pour le stockage des
provisions).
Ensuite,
la villa proprement dite fut édifiée au cours du second siècle sur
un plan barlong, préfigurant ainsi le mas provençal.
Son
emplacement sur une terrasse à flan de montagne explique sa
construction toute en longueur (80 m x 11 m), à la différence du
plan habituel des villas du sud-est de la France bâties autour d'un
atrium (pièce centrale) autour duquel s'articulent les autres
locaux.
La
partie agricole se situe au sud-est, alors que la partie
résidentielle s'étend au nord-ouest, les thermes se situant à la
jonction. Les éléments découverts révèlent une différence
architecturale entre ces deux zones. Dans la partie habitable et les
thermes, les couvertures étaient supportées par des colonnes
enduites constituées de morceaux de terres cuites, tandis que dans
les bâtiments à vocation agricole, des poteaux en bois étaient
probablement utilisés. Les élévations des murs sont en opus
caementicum : mortier de chaux et petits moellons réguliers aux
arêtes vives taillés dans le calcaire local. Les sols sont
différents selon les zones : terrazzo (béton avec inclusion de
calcaire) dans les pièces à vivre ; béton hydraulique dans les
thermes et terre battue pour les parties agricoles. Des fragments
d'enduits peints ont été découverts à plusieurs endroits. Du bleu
dans la baignoire du frigidarium (pièce froide des thermes), du
jaune sur les parois de cette même pièce et du rouge dans le grand
bassin extérieur.
Il
semblerait que la villa ait été abandonnée au cours du 3e siècle ;
mais des indices d'une réoccupation tardive aux Ve et VIe siècle
avec modification de l'habitat et traces d'une activité
métallurgique ont été mis en évidence.
(Résumé
fait à partir de plusieurs sources dont celles du Service Culture et
Patrimoine et de la Communauté d'agglomération Ventoux Comtat
Venaissin (CoVe).
Vue
d'ensemble depuis le sud-est
Vue
latérale depuis l'est (photo : CoVe)
Fragment
de céramique sigillée trouvé dans les remblais
Estampille
du potier Mommo, atelier de la Graufesenque, fin du 1er siècle de
notre ère
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