Description
La
villa de Goeblange-Miecher compte parmi les établissements agricoles
les plus grands du territoire trévire. Le complexe construit à
partir du début du 1er siècle ap. J.-C. comprend au moins sept
bâtiments en pierre répartis sur une superficie de 5 hectares, dont
certains sont entourés d’une levée de terre. A côté d’une
luxueuse maison de maître et d’une autre demeure plus ancienne, le
site recèle un bâtiment d’habitation supplémentaire, un petit
temple ainsi que trois édifices secondaires.
L'intérêt
spécifique du site est que le propriétaire du lieu semble avoir
rompu très tôt avec la tradition celtique, après l’écrasement
de la révolte trévire, en faisant ériger un mausolée inspiré du
modèle romain, vers 30 ap. J.-C.
Au
cours des incursions germaniques de la fin du 3ème siècle, la
maison du maître a été transformée en burgus, une fortification
civile composée de trois levées de terre, d’une palissade de
bois, ainsi que d’une tour massive, destinées à la protection
contre les raids barbares. Au début du 4ème siècle, la villa
connaît une nouvelle embellie qui permet le démantèlement du
burgus défensif. L’établissement agricole est abandonné vers la
fin du 4ème siècle, dans les turbulences des grandes invasions
barbares. Ses vestiges sont laissés à l’abandon jusqu’à leur
redécouverte par l’abbé Georges Kayser en 1964.
Accès
A
partir du parking de la CR 189 entre Goeblange et Simmerschmelz, des
panneaux explicatifs guident le visiteur à travers les époques de
l’âge de la pierre, du bronze et l'époque celte, jusqu’aux
constructions en pierre romaines. Six bâtiments, dont les fondations
et/ou les murs ont été restaurées, le mausolée, ainsi que la
fortification de l’Antiquité tardive reconstituée peuvent être
visités gratuitement durant toute l’année. De nombreux panneaux
fournissent des explications de chaque bâtiment ainsi que des
aspects particuliers de la culture gallo-romaine. Ceux qui veulent
visiter les cinq tumulus des propriétaires de la ferme de l’époque
celtique peuvent suivre le chemin forestier pendant 500 m. Un petit
chemin marqué d’une amphore mène ensuite vers les 13 tombes de la
nécropole de Goeblange-Nospelt.
Des
visites de groupes pour les deux site peuvent être réservées
auprès de « Georges Kayser Altertumsfuerscher » à
l’adresse : gka@gka.lu
(Texte
revu par moi-même)
La
première villa
Ce
bâtiment dont la construction remonte au 1er siècle servit de
première résidence aux propriétaires du domaine et subit de
nombreuses transformations au fil de son utilisation. A cause de
celles-ci et du piètre état de conservation des restes muraux, le
plan original du bâtiment n'est plus clairement reconnaissable. Aux
2e et 3e siècles les pièces du nord-ouest furent aménagées en
bains tandis que le reste du bâtiment était probablement mis à la
disposition des serviteurs. Le propriétaire quant à lui se fit
construire une demeure plus spacieuse (bâtiment 1).
Au
centre de la pièce principale (1) se trouvait un foyer. Un deuxième
situé plus à l'ouest a dû appartenir à un bâtiment plus ancien.
La pièce 2 servait de chambre de chauffe pour le bassin d'eau chaude
(caldarium) situé dans la pièce 3.
Dans
la pièce 4 furent trouvées les fondations soit d'un bassin d'eau
froide (frigidarium) soit d'une latrine dont le contenu pouvait être
évacué moyennant le canal de vidange du caldarium. La structure
semi-circulaire de la pièce 6 peut être interprétée comme une
sorte de sauna (sudatorium). Un foyer dans l'angle sud chauffait la
pièce 8.
Tandis
que les caves (pièces 9, 12 et 16) servaient à entreposer des
provisions, la fonction des locaux 5, 7, 10, 11, 13 et 14 n'est pas
connue.
Vue
de la première villa (à 50 m de la seconde)
La
seconde villa (bâtiment 1)
La
nouvelle résidence du propriétaire du domaine fut construite au
début du 3e siècle, avec à l'origine une superficie de 700m2.
Ce bâtiment avait l'aspect d'une villa gallo-romaine à portique
typique, avec deux pièces d'angle proéminentes (risalites/pièces 4
et 5), une terrasse avec colonnade (portique/pièce 1) ainsi qu'une
pièce principale avec foyer (pièce 2). Le bâtiment était axé sur
un mausolée circulaire préexistant. Une cave très spacieuse (pièce
3) était accessible par un escalier partant de la pièce principale.
La paroi sud-est de la cave était percée par trois fenêtres.
Depuis la pièce principale une chambre de combustion permettait de
chauffer la pièce 7 (caldarium) par circulation d'air chaud sous le
plancher et dans les parois. La fonction des pièces 8, 9 et 10 (en
mauvais état de conservation) ne peut être clairement définie.
L'annexe 14 peut, sur la base d'offrandes trouvées, être qualifiée
de petit sanctuaire domestique.
Pendant
la période d'occupation la résidence a subi toute une série de
transformations ou d'extensions (pièces 6, 12 et 13). De même, vers
la fin du 3e siècle et sous la menace des incursions de Germains,
une fortification civile (burgus) fut aménagée. Ainsi une partie de
la demeure (anciennes pièces 8, 9 et 10) fut transformée en une
sorte de chambre forte tandis que les abords immédiats du bâtiment
furent protégés par une palissade en bois (15), des levées de
terre et par au moins trois fossés de défense (16).
Quand
au début du 4e siècle sous Constantin le Grand commença une
période de sécurité relative, le « burgus » fut
démantelé, la palissade démontée et les fossés comblés. Les
couches supérieures du remblai étaient constituées de gravats tels
qu'enduits muraux, tuiles et fragments de calcaire. Probablement les
habitants avaient rénové l'immeuble et s'étaient débarrassé des
gravats dans les fossés de défense.
Au
cours de ces transformations la cave également reçut une nouvelle
destination. Les ouvertures de la porte et des fenêtres furent
murées. La surface d'origine fut divisée en trois pièces de
dimensions différentes (3, 3a et 3b) et se vit attribuer les
fonctions de bassin de décantation et de réservoir d'eau. Le tout
fut alimenté par une conduite d'eau souterraine en bois (17) venant
de l'est mais dont le point de départ n'a pas encore été constaté.
Le
bâtiment 1 fut vraisemblablement abandonné vers la fin du 4e
siècle.
Représentation
de la seconde villa
Vue
de la façade d'entrée de la seconde villa
Hypocauste
avec le praefurnium dans l'angle de la pièce
Photos :
Ph. Laval
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