" Tels sont les tableaux qui se déroulent sur la longue étendue des eaux, à la vue des villas qui penchent suspendues à la crête des roches." (Ausone, Mosella)
Présentation
Même si l'Antiquité romaine fut une période rude et souvent implacable pour beaucoup d'êtres humains, nous ne pouvons nier que dans de nombreux domaines la civilisation romaine fut innovante et même fascinante. Si Rome a conquis nos terres à la force du glaive pour imposer ensuite son pouvoir sous la férule des légions et de son administration centralisée, elle nous a aussi légué sa culture et, pour ce qui nous intéresse dans ce blog, son savoir-faire en matière d'urbanisme, d'architecture et de construction. C'est précisément ce domaine des habitations romaines typiques des campagnes, les villae, que je vous invite à découvrir ensemble.
Quelle
ne fut pas la surprise de José Luis Lledo, lorsque sa pioche heurta
la surface d'une magnifique mosaïque, lors de travaux de
terrassement sur ses terres agricoles en 1984.
Vingt
ans plus tard et après quelques démêlés avec l'Administration,
une première campagne de fouilles révéla une villa romaine
somptueuse qui devait appartenir à un riche négociant en vin ayant
vécu au IVe siècle, et dont on ne connait pas encore le nom. Les
mosaïques et les fresques mises au jour aux cours des fouilles
ultérieures comptent d'ores et déjà parmi les plus vastes et les
mieux conservées de l'Antiquité tardive.
La
villa romaine, située à quelque dix-huit kilomètres de la ville de
Cuenca en Castille-La Manche et à deux cents kilomètres à l'est de
Madrid, s'étend sur une superficie estimée à près de dix
hectares. Seule une petite partie du site a été fouillée à ce
jour, mais les découvertes exceptionnelles qui y ont déjà été
réalisées laissent supposer qu'il s'agissait d'une résidence très
riche. De nombreuses sculptures taillées dans plus de trente marbres
différents ont été retrouvées dans les ruines.
Pour
le professeur Miguel Angel Valero, l'archéologue responsable des
fouilles, les campagnes à venir réservent d'autres surprises
agréables.
La
villa a été bâtie sur un terrain légèrement en pente, délimité
au sud par le ruisseau Chillaron, et abrité au nord par la colline
de la Cuesta de las Herrerias. La villa porte le nom du district de
Noheda tout proche, mais elle se trouve sur le territoire de la
municipalité de Villar de Domingo Garcia.
Le
matériel récolté permet de dater l'occupation du site du Ier
siècle au VIe siècle de notre ère, mais les vestiges les plus
importants sont incontestablement les mosaïques figuratives datées
du IVe siècle.
Une
mosaïque de 230 m2 couvre une pièce rectangulaire d'une
superficie de quelque 300 m2 qui semble avoir été un
triclinium. Cette salle est entourée de trois exèdres. Le bas des
murs comporte un décor en « opus sectile », et le haut
est décoré de peintures murales. Les mosaïques représentent des
scènes de la mythologie greco-romaine, comme le « jugement de
Pâris », le « mythe de Pélops », ou
« l'enlèvement d'Hélène ». On peut aussi distinguer un
cortège dionysiaque accompagné de Satyres et Ménades, le tout
entouré de motifs géométriques et végétaux. Une représentation
d'Athéna de deux mètres de haut y figure également.
Alors
que les fouilles se poursuivent toujours sous l'égide de l'Institut
du Patrimoine Historique d'Espagne, le site a été acquis par le
Gouvernement régional de Castille-La Manche et est désormais ouvert
au grand public depuis l'été 2019.
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