De
Palladius :
(L'économie
rurale de Palladius Rutilius Taurus Aemilianus, trad. nouvelle par M.
Cabaret-Dupaty, C. L. F. Panckoucke, 1843. Bibliothèque
latine-française. Seconde série. De L'Economie Rurale, livre I.)
Un
choix et de l'exposition du terrain.
VII.
Lorsque vous voudrez choisir ou acquérir une terre, examinez si la
négligence de ceux qui la cultivent n'en a pas altéré la fécondité
naturelle, ni fait dégénérer la richesse et la vigueur de ses
produits. Quoiqu'on puisse corriger ce défaut par la greffe, il est
plus avantageux d'exploiter un sol qui n'a pas souffert, que d'être
réduit à attendre les fruits tardifs d'une terre amendée. En
semant d'autres blés, il vous sera facile de réparer le vice des
précédents. Il n'en est pas de même des vignes. Évitez
soigneusement la faute de ceux qui, n'aspirant qu'à la réputation
de posséder plus de terrain façonné que les autres, ont couvert le
sol de souches stériles ou de mauvais fruits. Acheter une terre
plantée de la sorte, ce serait se condamner à d'innombrables
travaux pour la rendre fertile.
Voici
quelle doit être l'exposition du terrain que vous voulez choisir.
Dans les climats froids, il regardera le midi ou le levant. Si ces
deux points étaient masqués par une montagne, il serait glacé de
froid ; au nord, il ne verrait point le soleil ; au couchant, il en
jouirait trop tard. Au contraire, dans les climats chauds, préférez
le côté du nord, comme le meilleur, le plus agréable et le plus
sain. S'il y a une rivière voisine de l'endroit où vous voulez
placer vos constructions, examinez-en la nature, parce que souvent il
en sort des exhalaisons funestes ; dans ce cas, il faut vous en
écarter pour bâtir. Évitez les marais à tout prix, surtout ceux
qui sont au midi ou au couchant, et qui se dessèchent en été : ils
corrompent l'air et engendrent des animaux nuisibles.
Du
bâtiment.
VIII.
Proportionnez vos constructions à la valeur du fonds et à l'état
de votre fortune. Quand on bâtit sur une trop vaste échelle,
l'entretien coûte souvent plus que l'édifice. Calculez donc les
dimensions du bâtiment de manière que, s'il éprouve quelque
accident, un ou deux ans au plus du revenu de la terre où il se
trouve, suffisent pour le réparer. Le maître-logis occupera un
terrain un peu plus élevé et plus sec que les autres parties, afin
que les fondations en soient plus solides et la vue plus riante.
Élargissez chaque côté de ses fondations d'un demi-pied de plus
que le mur qu'elles doivent porter. Si vous rencontrez le roc ou le
tuf, vous les creuserez simplement d'un ou de deux pieds. Si le fond
est une argile ferme ou compacte, vous leur donnerez en profondeur la
cinquième on la sixième partie de l'élévation totale que
l'édifice doit avoir. Si le terrain est trop mou, vous les
enterrerez davantage, jusqu'à ce que vous découvriez la pure argile
qui ne présente aucun vestige de décombres. Si vous ne la trouvez
point, vous les creuserez proportionnellement au quart de la hauteur
du bâtiment.
De
plus, ayez soin que votre construction puisse être entourée de
jardins, de vergers ou de prairies. La façade doit, dans toute sa
longueur, regarder le midi, de sorte qu'en hiver un de ses angles
voie le soleil levant, et qu'elle se détourne un peu du couchant.
Ainsi, bien éclairé dans la saison des frimas, le bâtiment sera
garanti de la chaleur en été.
A
suivre...
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