Présentation

Même si l'Antiquité romaine fut une période rude et souvent implacable pour beaucoup d'êtres humains, nous ne pouvons nier que dans de nombreux domaines la civilisation romaine fut innovante et même fascinante. Si Rome a conquis nos terres à la force du glaive pour imposer ensuite son pouvoir sous la férule des légions et de son administration centralisée, elle nous a aussi légué sa culture et, pour ce qui nous intéresse dans ce blog, son savoir-faire en matière d'urbanisme, d'architecture et de construction. C'est précisément ce domaine des habitations romaines typiques des campagnes, les villae, que je vous invite à découvrir ensemble.

jeudi 8 février 2018

Extraits de quelques auteurs de l'Antiquité (2)

De Columelle:

Columelle trace le portrait du domaine de ses rêves.

(Columelle, De l'agriculture, I, ii, 3-5 ; texte établi par H.B. Ash, Londres-Cambridge, 1941 et trad. nouvelle à partir de L. Du Bois, Paris, 1844 et M. Nisard, Paris, 1856)

[3] Si la fortune souscrit à nos vœux, nous jouirons d’un domaine placé sous un ciel salubre, offrant un sol fertile, partie en plaine, partie sur des coteaux en pente légère vers l’est ou le sud ; consistant en cultures, en bois, en points sauvages ; ayant à portée la mer ou une rivière navigable, afin de pouvoir exporter les productions et importer les marchandises dont on a besoin. Qu'une plaine, partagée en prés et en labours, en saussaies et en plantations de roseaux, s’étendent au pied des bâtiments. [4] Que quelques collines soient privées d'arbres, afin de les réserver à la seule culture des céréales. Celles-ci prospèrent toutefois mieux dans les plaines dont la terre est grasse et médiocrement sèche, que sur les pentes raides. En conséquence, les champs à blé les plus élevés doivent s’étager en terrasses avec des pentes les plus douces possible, reproduisant de très près les conditions de plaine. Que d’autres collines encore soient revêtues d'oliviers, de vignes et de bois propres à fournir des échalas ; qu’elles puissent offrir de la pierre et du bois de charpente si on a besoin de bâtir, de même que des pâturages pour les troupeaux ; que de ces collines encore descendent des ruisseaux courant arroser les prés, les jardins et les saussaies, et des eaux jaillissant dans l’enceinte de la ferme. [5] Il ne manquera pas de troupeaux de gros bestiaux et d’autres quadrupèdes qui trouveront leur pâture dans les cultures et les broussailles. Mais ce fonds, dont nous rêvons, est difficile à trouver et rare, et peu de personnes en jouissent.

Conseils de Columelle pour le choix du lieu de l'habitation

(Columelle, De l'agriculture, I, v, 6-7 ; texte établi par H.B. Ash, Londres-Cambridge, 1941 et trad. nouvelle à partir de L. Du Bois, Paris, 1844 et M. Nisard, Paris, 1856)

[6] Il ne faut pas non plus qu’un marais avoisine les bâtiments, ni qu’une route militaire passe à côté. Les eaux stagnantes exhalent, par l'effet des chaleurs, des miasmes empoisonnés et engendrent des insectes armés d'aiguillons hostiles, qui fondent sur nous en épais essaims. Elles répandent aussi la plaie des bestioles qui nagent et qui rampent et qui, privées de l’humidité de l’hiver, puisent leur venin dans la fange et l'ordure en fermentation. On en contracte souvent des maladies mystérieuses dont les médecins eux-mêmes ne peuvent démêler les causes. Là, toute l'année, la moisissure et l'humidité détériorent les instruments rustiques, les meubles et même les fruits de la terre, tant ceux qui sont serrés que ceux qui restent à découvert. [7] Par ailleurs, les voies publiques exposent le domaine aux déprédations des voyageurs qui passent, et à l’accueil incessant de gens qui s’écartent de la route, en quête d’un logis.

A suivre...

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