De Columelle:
Columelle
trace le portrait du domaine de ses rêves.
(Columelle, De
l'agriculture, I, ii,
3-5 ; texte
établi par H.B. Ash, Londres-Cambridge, 1941 et trad. nouvelle à
partir de L. Du Bois, Paris, 1844 et M. Nisard, Paris, 1856)
[3]
Si la fortune souscrit à nos vœux, nous jouirons d’un domaine
placé sous un ciel salubre, offrant un sol fertile, partie en
plaine, partie sur des coteaux en pente légère vers l’est ou le
sud ; consistant en cultures, en bois, en points sauvages ;
ayant à portée la mer ou une rivière navigable, afin de pouvoir
exporter les productions et importer les marchandises dont on a
besoin. Qu'une plaine, partagée en prés et en labours, en saussaies
et en plantations de roseaux, s’étendent au pied des bâtiments.
[4] Que quelques collines soient privées d'arbres, afin de les
réserver à la seule culture des céréales. Celles-ci prospèrent
toutefois mieux dans les plaines dont la terre est grasse et
médiocrement sèche, que sur les pentes raides. En conséquence, les
champs à blé les plus élevés doivent s’étager en terrasses
avec des pentes les plus douces possible, reproduisant de très près
les conditions de plaine. Que d’autres collines encore soient
revêtues d'oliviers, de vignes et de bois propres à fournir des
échalas ; qu’elles puissent offrir de la pierre et du bois de
charpente si on a besoin de bâtir, de même que des pâturages pour
les troupeaux ; que de ces collines encore descendent des
ruisseaux courant arroser les prés, les jardins et les saussaies, et
des eaux jaillissant dans l’enceinte de la ferme. [5] Il ne
manquera pas de troupeaux de gros bestiaux et d’autres quadrupèdes
qui trouveront leur pâture dans les cultures et les broussailles.
Mais ce fonds, dont nous rêvons, est difficile à trouver et rare,
et peu de personnes en jouissent.
Conseils
de Columelle pour le choix du lieu de l'habitation
(Columelle, De
l'agriculture, I,
v, 6-7 ; texte établi par H.B. Ash, Londres-Cambridge, 1941 et
trad. nouvelle à partir de L. Du Bois, Paris, 1844 et M. Nisard,
Paris, 1856)
[6]
Il ne faut pas non plus qu’un marais avoisine les bâtiments, ni
qu’une route militaire passe à côté. Les eaux stagnantes
exhalent, par l'effet des chaleurs, des miasmes empoisonnés et
engendrent des insectes armés d'aiguillons hostiles, qui fondent sur
nous en épais essaims. Elles répandent aussi la plaie des bestioles
qui nagent et qui rampent et qui, privées de l’humidité
de
l’hiver, puisent leur venin dans la fange et l'ordure en
fermentation. On en contracte souvent des maladies mystérieuses dont
les médecins eux-mêmes ne peuvent démêler les causes. Là, toute
l'année, la moisissure et l'humidité détériorent les instruments
rustiques, les meubles et même les fruits de la terre, tant ceux qui
sont serrés que ceux qui restent à découvert. [7] Par ailleurs,
les voies publiques exposent le domaine aux déprédations des
voyageurs qui passent, et à l’accueil incessant de gens qui
s’écartent de la route, en quête d’un logis.
A
suivre...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire