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Même si l'Antiquité romaine fut une période rude et souvent implacable pour beaucoup d'êtres humains, nous ne pouvons nier que dans de nombreux domaines la civilisation romaine fut innovante et même fascinante. Si Rome a conquis nos terres à la force du glaive pour imposer ensuite son pouvoir sous la férule des légions et de son administration centralisée, elle nous a aussi légué sa culture et, pour ce qui nous intéresse dans ce blog, son savoir-faire en matière d'urbanisme, d'architecture et de construction. C'est précisément ce domaine des habitations romaines typiques des campagnes, les villae, que je vous invite à découvrir ensemble.

dimanche 24 août 2025

La villa romaine de la place Saint-Lambert à Liège

Fig. 1: Plan de la villa
Les vestiges de la villa romaine de la place Saint-Lambert ont été mis au jour en 1907 par l'Institut archéologique liégeois. 

Entre 1977 et 1984 l'Université de Liège y a effectué des fouilles préventives, puis l'Institut du Patrimoine wallon, sous la direction scientifique du Service de l'Archéologie de la Région wallonne, a complété l'étude des vestiges entre 2005 et 2007. 

Ce travail de recherche a permis de mieux comprendre l'ensemble des vestiges et son environnement.

La villa, de type classique pour le nord de la Gaule, mesurait 54 m sur 35 m. Un escalier monumental situé à l'est donnait accès à un portique qui s'ouvrait sur plusieurs locaux ainsi que sur une grande cour intérieure centrale non-couverte de 16 m sur 13,60 m. Cinq pavillons imposants, dont quatre situés aux angles de l'édifice, conféraient à l'ensemble du bâtiment une allure massive et symétrique.

Pour éviter les risques de crues de la Légia toute proche, le bâtiment était légèrement surélevé par rapport au terrain environnant, ce qui le rendait plus imposant encore.


Fig. 2: Evocation de la villa, façade arrière (capture d'écran de la
vidéo de présentation à l'Archéoforum de Liège)

Si la vocation des différents locaux est difficile à appréhender, le pavillon situé au nord-ouest était destiné aux bains ; il comportait une pièce chauffée sur hypocauste.


Fig. 3: Hypocauste de la villa, © SPW-AWaP

Les pièces intérieures n'étaient pas toutes au même niveau et quelques remaniements ont été observés dans certaines pièces. La façade d'entrée était orienté au nord-est, probablement en raison de la beauté du paysage, alors qu'une orientation sud-est était plutôt préconisée par les architectes de l'Antiquité.

Le mobilier archéologique découvert lors des fouilles a révélé une occupation qui va de la fin du Ier siècle ap. J.-C. à la moitié du IIIe siècle. Or, nous savons que dès la seconde moitié du IIIe siècle bon nombre d'établissements romains ont subi les ravages des raids barbares. C'était probablement le cas pour notre villa liégeoise. Néanmoins, une occupation sporadique au IVe siècle a été constatée dans une des pièces.

Enfin, le site, déjà fréquenté au cours de la préhistoire, avait également attiré les hommes du Haut Moyen-Âge, après la période romaine. Le premier édifice religieux sera même érigé sur les vestiges de la villa au VIIIe siècle.

A présent, les vestiges, conservés au sein de l'Archéoforum de la Place Saint-Lambert à Liège, peuvent être visités aux heures d'ouverture du Musée.


Fig. 4: Plan des vestiges du Haut Moyen-Âge et de la villa
Infographie : Anne Mélon - AWunP.

Résumé d'après un texte de D. Henrard, P. Van Der Sloot et J.-M. Léotard dans Archéologie de la Picardie et du nord de la France (Revue du Nord, T, 90, 2008, N° 378, P. 159-174).

Fig. 1: copie de la page 168 du texte mentionné ci-dessus.

Fig. 4: plan copié dans l'article : Sainte-Marie-et-Saint-Lambert de Liège: Approche archéologique de la cathédrale dite ''Notgérienne'' et de ses antécédents du Haut Moyen-Âge, par Denis Henrard et Jean-Marc Léotard.

Ph. Laval

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