Sans
oublier Ausone :
D’origine
bordelaise, le poète Ausone, qui vécut au IVe s. ap. J.-C., a tiré
un long poème d’une descente de la Moselle qu’il effectua depuis
Trèves jusqu’au Rhin. Il y décrit la rivière et ses rives, avec
leurs superbes villas.
(Ausone,
La Moselle,
320-344 ; texte établi et traduit par E.F. Corpet, Paris, 1972)
...[320]
les superbes villas qui sont la parure de la rivière. L'une se
dresse sur un massif de roche naturelle ; une autre est assise
sur la pointe avancée du rivage; celle ci s'éloigne et attire
à elle un repli du fleuve; celle là, occupant une colline qui
domine de très haut le fleuve, [325] contemple sans obstacle et en
souveraine les lieux cultivés et sauvages et, grâce à la richesse
du coup d’œil, jouit de ces terres comme de son domaine. Une autre
enfonce son humble pied dans les fraîches prairies mais les
avantages naturels de la haute montagne sont compensés pour elle par
l'élévation de son faîte qui s'élance menaçant dans les airs,
[330] et par cette tour colossale qu'elle montre comme Pharos, sœur
de Memphis. Cette autre a seule le privilège d’enfermer et de
prendre le poisson que la rivière amène entre les cavités de ses
rochers, dont les plateaux en jachère sont baignés de soleil. Une
dernière repose sur un pic escarpé et n'entrevoit qu'à travers un
brouillard le fleuve qui roule à ses pieds. [335] Que dirai-je de
ces portiques semés sur de vertes prairies, de ces toits soutenus de
colonnes sans nombre ? Et de ces bains qui fument sur la grève,
quand Vulcain, aspiré par l'étuve brûlante, souffle et roule ses
flammes dans les conduits cachés de la muraille [340] et accumule
une vapeur enfermée dont la chaleur s'exhale au dehors ? J’ai
vu des baigneurs, qu'une sueur abondante avait épuisés, dédaigner
les froides eaux des cuves et des piscines, pour jouir des eaux
courantes et, retrouvant bientôt leur vigueur dans le fleuve,
frapper et refouler en nageant ses vagues rafraîchissantes.
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